Propos liminaires sur la flambée des prix de l’énergie

Propos liminaires de Marion Maury, au nom des élu·e·s écologistes, lors du Conseil municipal du 7 octobre.

Propos liminaires

“Monsieur le Maire, Chers collègues,

La flambée des prix de l’énergie place la question du pouvoir d’achat des ménages au centre de nos préoccupations à tous. Le cours du gaz est multiplié par trois depuis le début de l’année, le prix de l’électricité par deux. Le prix à la pompe est régulièrement en hausse. Elle montre autant notre vulnérabilité aux énergies fossiles que le besoin impérieux de soutenir les ménages aux revenus modestes.

Transitoire ou non, cette flambée est d’ores et déjà une alerte pour nos politiques de soutien au pouvoir d’achat dans la durée. Gel momentané du tarif réglementé du gaz, aide supplémentaire de 100 euros du chèque énergie pour 5,8 millions de ménages. Ces mesures gouvernementales, bien qu’utiles, sont loin d’être suffisantes pour soulager le pouvoir d’achat des ménages.

La question qui nous est posée est : comment vivre dans un monde où l’énergie plus chère sera la règle ?

Nul ne peut ignorer que le prix de l’énergie fossile va durablement augmenter en raison de la rareté des ressources et du dérèglement climatique. Or, nous importons la quasi totalité du gaz que nous consommons en France, et nous ne maîtrisons pas le prix de l’électricité que nous produisons. Modifier notre mix énergétique et progresser vers la neutralité carbone demandent des investissements publics et citoyens conséquents. Nous en prenons déjà la mesure dans nos politiques municipales et métropolitaines orientées désormais vers notre objectif commun de neutralité carbone, de sobriété et d’autonomie énergétiques.

La solidarité vers les ménages les plus impactés est la clef de la réussite de ces changements nécessaires.

40% des français estiment déjà vivre moins bien qu’il y a dix ans. C’est un ressenti auquel les élus locaux doivent être très attentifs. Il est le fruit du poids des dépenses subies, d’un accès à la propriété et au marché locatif qui se tend.  Nous en vivons les effets dans notre ville de Brest. Les délais d’attente des ménages pour l’accès à un logement s’allongent. Cela impacte aussi à la hausse le travail social de nos agents qui accompagnent et orientent les publics les plus fragiles, en attente de logement.

La flambée des prix révèle aussi cette réalité : pour beaucoup, le travail ne paie plus assez. Cette année, les salaires évoluent moins vite que l’inflation. Alors que parallèlement les revenus du capital mobilier et immobilier continuent à augmenter.  Rappelons que les salaires ne sont plus indexés sur les prix depuis 1983 et leur progression a fortement ralenti depuis.  Parallèlement, les revenus du capital mobilier et immobilier continuent à augmenter. La crise sanitaire a révélé le mal-être de salariés en souffrance et mal payés. Nos entreprises locales peinent à recruter dans plusieurs secteurs. Les revalorisations salariales y sont nécessaires, en complément de la formation.

A 6 mois des présidentielles, le gouvernement martèle que le pouvoir d’achat a augmenté pendant le quinquennat. Mais c’est la redistribution des richesses qui est cruciale. Face à ces constats, on ne peut que regretter les réformes successives à contre sens : flat tax, suppression de l’ISF, exonération de la taxe d’habitation étendue aux 20% des ménages les plus aisés. Dévalorisation des aides au logement pour les étudiants (en volume et en montant), réforme de l’assurance chômage préjudiciable aux travailleurs précaires.

Mais tout n’est pas négatif. Nous avons pu aussi bénéficier, des crédits du plan de relance dans le champ de la lutte contre la pauvreté qui nous permettent de mener à bien certains projets de solidarité nécessaires. Mais encore beaucoup de questions cruciales pour le pouvoir de vivre restent en suspens.  Parmi les plus importantes, le financement du grand âge qui reste dans des horizons obscurs, faute de lois. Face à ces incertitudes, nos concitoyens se tournent vers les élus locaux.

Le prix de l’énergie questionne aussi nos équilibres territoriaux.

L’Adeupa nous apprenait dans l’étude « l’Ouest breton en transitions » qu’en 1968 la ville de Brest concentrait la moitié de la population du Pays de Brest et la moitié des emplois. 50 ans après, elle concentre toujours la moitié des emplois mais seulement 1 habitant sur 3 du Pays de Brest.

Les ménages se sont éloignés pour accéder à des logements moins chers et plus grands mais les trajets domicile-travail vont coûter de plus en plus. Le télétravail est une solution seulement partielle. Comment freiner la fuite des familles loin des zones d’emploi ? C’est tout l’enjeu pour notre ville de la création de logements accessibles, répondant aussi à une volonté plus forte de qualité de vie, de la nature en ville, d’un environnement urbain apaisé où il fait bon vivre à tous les âges de la vie.

Le soutien au pouvoir d’achat est bien présent dans les politiques de la Ville de Brest :

  • C’est le but de toutes les tarifications solidaires présentes dans chacune de nos politiques : de la restauration scolaire aux loisirs, de la mobilité à l’accès à la culture et au sport. Des tarifications solidaires qui doivent être toujours mieux connues et lisibles.
  • C’est l’objectif du nouveau projet de crédit municipal destiné à améliorer l’inclusion bancaire et financière de tous.
  • C’est le but de nouvelles politiques d’aides, à l’instar de la réflexion pilotée par la métropole sur un chèque eau, dont le CCAS de la ville de Brest est partenaire.
  • C’est l’efficacité de nos fonds d’aides financières aux ménages que nous renforçons. Cette année en simplifiant et revalorisant nettement nos aides financières du Fonds de secours de la Ville de Brest.
  • C’est aussi la rénovation du parc de logements accessibles et des places d’hébergement que nous gérons. La rénovation de notre Centre d’hébergement et de réinsertion sociale au Port par exemple. Les grands chantiers de rénovation urbaine bien sûr.
  • C’est soutenir la prévention et l’accompagnement budgétaire des ménages face au risque d’endettement croissant.
  • C’est le soutien financier que nous apportons aux associations de solidarité notamment pour garantir le droit fondamental à une alimentation de qualité pour tous.

C’est orienter en proximité davantage de ménages vers les dispositifs d’accompagnement pour les économies d’énergie et la rénovation thermique des logements.

Vous l’aurez compris, pour les écologistes, derrière cette flambée des prix, c’est bien tout un modèle de développement et de société qui est mis en défi. Notre énergie collective, renouvelable et solidaire est d’autant plus nécessaire !”


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