D’autres leviers pour la sécurité

Intervention de Ronan PICHON, au nom des élu·e·s écologistes, en propos liminaires
au Conseil Municipal de Brest le 3 février 2022.

Des moyens pour la justice, un débat sur la légalisation du cannabis

« Monsieur le Maire,

Vous avez parlé des prénoms d’Hosni et de Reza en début d’intervention tout à l’heure, pour faire référence à une phrase d’un candidat néo fasciste à l’élection présidentielle. Je voudrais aussi rappeler que d’autres prénoms portés par des membres de cette assemblée, Glen, Gaëlle, Fragan, Véfa, Yann, Ronan, pour n’en citer que quelques-uns, il n’y a pas si longtemps que ça, du temps de la France fantasmée de ce candidat néo fasciste, ces prénoms-là étaient interdits à l’état civil. Aujourd’hui encore, je suis désolé, Fañch reste un prénom interdit, vous devrez continuer à vous appeler François malheureusement.

Je souhaite revenir sur l’intervention de Monsieur Coatanéa qui parlait d’idéologie dans le refus d’une police municipale. Premier point « idéologie » n’est pas un gros mot puisque cela veut dire simplement qu’on a mis ses idées en ordre, à ne pas confondre avec le dogmatisme. Le dogmatisme c’est par exemple lorsqu’on veut interdire un produit dépourvu de propriété stupéfiante en l’assimilant à du cannabis, ça c’est l’action du ministre actuel de l’intérieur.

Il est important de noter que si les villes qui se dotent massivement de police municipale et de caméras de vidéosurveillance avaient des niveaux d’insécurité beaucoup plus faibles que Brest, cela se saurait. Comme quoi, cela ne constitue pas un élément réel de solution.

Un autre élément important, concernant les troubles graves, qu’il s’agisse des problèmes qui ont fait l’actualité, ou des violences intrafamiliales comme ce qui vient d’être évoqué par Glen Dissaux à l’instant par exemple, les pouvoirs de la police ne suffisent pas. Il y a aussi la nécessité d’avoir une justice qui dispose des moyens suffisants pour instruire, juger et faire exécuter les jugements par la suite. Aujourd’hui, la justice française est une justice paupérisée. C’est le pays d’Europe qui consacre le moins de moyens à sa justice. Dans la convention que vous avez signé avec l’État, il n’y a aucun engagement de l’État à améliorer les conditions d’exercice de la justice sur le territoire brestois. Je trouve ça dommage parce que aujourd’hui, dans les tribunaux, les juges, les greffiers, les greffières et tous les personnels ont lancé plusieurs fois des cris d’alerte comme quoi ils ne pouvaient plus traiter les affaires. Ça contribue au mal être de la population parce que des personnes ne peuvent pas être jugées dans des délais raisonnables. L’insuffisance des moyens accordés à la justice perturbe aussi directement le travail de la police en la surchargeant et contribue donc au mal-être de celle-ci. La police est au service de la justice.

Les solutions aux problèmes de troubles à l’ordre public ou aux problèmes de sécurité ne peuvent pas reposer uniquement sur une réponse policière et sur l’augmentation du nombre de policiers dans l’espace public, mais doivent s’intégrer dans une chaîne complète avec la justice.

Puis, cela a été rappelé, une partie des troubles qui se déroulent dans certains quartiers ou dans certaines villes du Finistère, parce qu’il n’y a pas que Brest, vous l’avez rappelé, est liée à des commerces clandestins de produits stupéfiants. On en trouve un peu partout dans tout le Finistère, y compris dans des bourgades bien tranquilles. En tout cas, étiquetées bien tranquilles. Les produits stupéfiants sont consommés par des catégories de la population très diverses, des cadres supérieurs, des marins pêcheurs, des personnels de l’agroalimentaire ou du monde paysan et des étudiants.

Pour faire cesser ces troubles liés au commerce de stupéfiants, il n’y a guère qu’une solution, c’est d’arriver enfin à sortir des logiques de prohibition, qui ont toujours échoué, qui échouent lamentablement depuis des décennies en France comme ailleurs.

Comme elles avaient échoué sur l’alcool dans les États-Unis dans les années 20-30. Pour mettre fin aux troubles causés par les gangs, comme à Chicago par exemple, il a fallu arrêter la prohibition de l’alcool aux États-Unis. Je pense qu’il faut aussi en France ouvrir un débat sur une vente encadrée, une légalisation du cannabis et éventuellement d’autres choses, mais en tout cas, que ces choses-là soit soient encadrées par la loi de manière à mettre les trafiquants au chômage, parce qu’aujourd’hui les seuls qui profitent réellement cette situation, ce sont les trafiquants et les gros trafiquants qui vivent très bien, très confortablement et pas forcément dans des quartiers communément montrés du doigt.


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