Brest-Orly : moins d’avions, plus de trains

Les élu·e·s écologistes réagissent au vœu présenté en Conseil de Métropole défendant le maintien de la liaison aérienne Brest-Orly. L’intérêt du territoire ce n’est pas le maintien d’une liaison aérienne qui ne fonctionne pas, mais l’amélioration de la desserte ferroviaire au quotidien.

Réaction au vœu pour le maintien de la liaison aérienne Brest-Orly

Cher·e·s collègues, peut-être aurions-nous gagné à essayer de rédiger ensemble ce vœu ? Car sur le fond est-on vraiment en
désaccord ? La desserte et l’accessibilité de Brest et de la pointe bretonne sont des enjeux cruciaux. On n’a jamais dit le contraire, bien entendu. Assurer la liaison avec Paris, et notamment la possibilité de faire l’aller-retour dans la journée, est l’un des points centraux.

Nous militons de longue date pour l’amélioration de la desserte ferroviaire depuis Paris : des horaires plus adaptés, plus de fréquence, des services de qualité.

Mais enfin, cher·e·s collègues, quelle levée de bouclier collective pour sauver une ligne d’avion qui ne marche pas et profite à
très peu de gens ! D’autres sujets méritaient peut-être une telle mobilisation.

On a l’impression que la droite découvre soudainement les lois du marché ; je regrette que vous n’ayez pas la même sagacité
concernant la destruction des services publics, parce que depuis 30 ans c’est précisément ce que fait la droite quand elle est au pouvoir ! On réduit les moyens, on dégrade les services, on met les gens en concurrence, on presse le citron, et à la fin on dit : « ah bah ça dysfonctionne, on ferme ou on privatise ».

Alors c’est un peu dommage sur ce vœu, parce que sur le fond, évidemment, je crois qu’on partage tou·te·s dans cette assemblée le souci du territoire, de celles et ceux qui doivent se déplacer à Paris dans la journée, des entreprises qui luttent, à armes inégales
parfois, avec d’autres.

Mais en l’état de ce vœu, non.

Et encore, dans la première version, vous parliez de plan de désenclavement, comme dans les années 1950, et de Réseau
Ferré de France qui a disparu en 2014. Comme signe de modernité, on fait mieux.

Vous parlez d’une région périphérique, excentrée, que ce soit un lourd handicap, pour nous Brestois·e·s, tourné·e·s vers Paris.

Pourquoi est-ce qu’on changerait pas cette vision-là ? Pourquoi on ne se tournerait pas plus vers l’Irlande, vers notre horizon maritime ?

Nous sommes au centre des routes maritimes mondiales. Alors, on peut se battre pour rapprocher les centres de décisions de Brest. C’est peut-être ça le vrai sujet : vivre et travailler au Pays, sans regarder systématiquement vers Paris, c’est ça le modèle qu’il faut défendre, en fait ! Moins de jacobinisme, plus
d’autonomie et plus de fédéralisme !

On a suffisamment joué le jeu de l’attractivité territoriale, qui met en concurrence les territoires, et qui commence à nous poser de sérieuses tensions foncières et économiques. On peut juste être fier·e·s et conscient·e·s de nos richesses, les valoriser, les protéger.

Je ne suis pas convaincu que les entreprises partent pour une demie heure d’avion. Quitter ce territoire exceptionnel, notre belle Métropole, son cadre de vie incomparable, pour ça ? C’est toujours le même discours, comme pour justifier le dumping social : n’imposons pas les entreprises ou elles iront ailleurs. Moi, je n’en suis pas sûr.

Sans compter que nombre d’entreprises ne prennent déjà plus depuis longtemps ce Brest-Orly en avion. On l’a vu avec la faible fréquentation de la ligne. Le train, on peut y travailler ensemble, c’est une question de responsabilité.

La question n’est pas de pointer l’avion en tant que tel ni même ses usager·e·s de cette ligne.

Mais par contre cette ligne est condamnée à l’avance, d’autant qu’il existe bel et bien une alternative, en train, pour laquelle nous devrions et nous pourrions nous battre ensemble afin d’améliorer son service !

Et avec elle toutes les petites lignes, dont le Brest-Quimper, qui est à notre avis autrement plus structurant, et qui regèlerait bien des problèmes de congestion automobile, de pollution et de pouvoir d’achat de nos concitoyen·ne·s.

Il nous faut anticiper, prévoir les mobilités de demain et nous pensons que ce n’est pas en défendant le Brest-Orly.

Concernant la LGV, je ne suis pas sûr que ce soit encore le sujet. On n’est pas contre le principe bien sûr, Brest à 3h de Paris : très bien ! Mais vue la période, vu le contexte économique, mettre 3 ou 4 milliards d’euros sur la table pour gagner 20 minutes, ce n’est pas réaliste.

Et nous écologistes sommes pragmatiques. Est-ce indispensable ou faut-il utiliser cet argent pour financer d’autres priorités du développement du ferroviaire ? Peut-être pouvons-nous être plus innovant·e·s, agiles, efficaces et utiliser notre énergie là où on peut gagner les combats.

Vous écrivez que jusqu’à la veille de la crise COVID, les vols Brest-Orly étaient souvent pleins matin et soir. Et donc ? Rien n’a changé depuis ? Non, soyons sérieux·seuses : il est urgent de ralentir, nous devons changer de paradigme, nous devons toutes et tous faire des efforts et réduire notre empreinte carbone.

L’avion coûte très cher à la planète : le trajet Paris-Brest en train est 60 fois moins polluant qu’en avion. Cette ligne aérienne est régulièrement utilisée par très peu de gens. Et il n’y a pas d’étude sérieuse qui montre que c’est un atout pour le territoire. Ce serait même plutôt le contraire.

On peut être exemplaires sur cette question. On pourrait reprendre cette proposition de la Convention Citoyenne pour le Climat : lorsqu’il existe une alternative de moins de 4h en train, on la privilégie plutôt que l’avion.

Nous répondrons toujours présent·e·s pour défendre le territoire et la pointe bretonne.

Ici en l’occurrence, l’intérêt du territoire c’est réduire les lignes aériennes, penser différemment, pour l’ensemble des habitant·e·s et de nos richesses.

Donc, qu’on arrête de subventionner massivement l’installation de compagnies low cost, les aéroports, et de défendre ces lignes aériennes, et qu’on demande, ensemble : plus de trains, plus d’amplitude horaire, plus de fréquence, plus de services business aussi, et qu’on remette en service les petites lignes.

Donc, en l’état, et malgré les améliorations notables du groupe socialiste, nous voterons contre ce vœu.


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