Jeudi 2 mars 2023, dix élu-e-s écologistes de Brest du Pays de Brest ont visité l’usine de Pont ar Bled, équipement stratégique de la production d’eau potable du Nord Finistère.
Curieux de mieux comprendre le fonctionnement et les enjeux liés à l’eau sur le territoire, des élu-e-s écologistes venu-e-s de Brest, Lampaul-Plouarzel, Lannilis, Plabennec, du Relecq-Kerhuon, du Département et de la Région, ont visité l’usine de production d’eau potable de Pont ar Bled, gérée par Eau du Ponant.
Noémie Saint-Hilary, directrice d’Eau du Ponant, opérateur de Brest Métropole pour l’eau et l’assainissement, son directeur technique, Jean-François Menez, ainsi que le responsable de l’exploitation de l’usine, ont accepté de guider la visite et d’échanger sur quelques enjeux croisés autour de l’eau. Passionnant.
Pont ar Bled : une usine centenaire
L’usine de Pont ar Bled, basée à Plouedern, a subi de profondes transformations depuis sa construction dans les années 1920. Néanmoins, l’équipement est resté quasiment inchangé depuis les derniers travaux majeurs de 1970. Dans quelques semaines, l’unité de production connaitra le début de travaux conséquents en vue de sa modernisation et de sa sécurisation, pour livraison d’une « nouvelle » usine à horizon 2026.
L’usine de Pont ar Bled peut prélever jusqu’à 2 400 m3 d’eau par heure dans l’Elorn. Elle produit environ 35 000 m3 d’eau potable par jour. L’équipement représente à lui seul 70 % de l’alimentation en eau potable du territoire. Grâce au soutien à l’étiage permis par la retenue du Lac du Drennec, l’usine peut venir au « secours du secours » des territoires voisins. En tout cas, jusqu’à un certain point…
La préservation de la ressource en eau : une préoccupation majeure
Eau du Ponant l’a rappelé : « préserver la ressource dans son milieu naturel, c’est à dire la rivière, est un préalable indispensable à la production d’eau potable. »
Continuer d’œuvrer pour la qualité de l’eau
Sans surprise, la technologie des filières de traitement de l’eau ne fait pas tout ! La prévention des pollutions auxquelles l’Elorn peut être exposée reste un enjeu primordial. Le rôle de sensibilisation, d’animation du Syndicat de Bassin de l’Elorn et la concertation avec les différents acteurs (pêcheurs, agriculteurs, associations naturalistes, usager-e-s…) sont en ce sens déterminants. Les actions de bassin versant, conjuguées aux efforts des agriculteurs et autres parties prenantes, ont permis en 30 ans de faire diminuer le taux de nitrates de 49 à 23 mg/l dans l’eau brute.
La poursuite de la réduction du taux de nitrates est à soutenir pour les écosystèmes de la rivière et de la rade. Néanmoins, côté eau potable, ce sont surtout les pesticides, résidus médicamenteux et perturbateurs endocriniens qui attirent l’attention de l’Agence Régionale de la Santé désormais.
Gérer une ressource de moins en moins disponible
La discussion s’engage ensuite sur la question de la disponibilité de la ressource en eau et de son partage. Le Finistère comme de nombreux autres départements a en effet connu une sécheresse importante en 2022. Le niveau actuel des nappes et la faible pluviométrie du début d’année laissent penser que l’approvisionnement sera également tendu à l’été 2023.
Aussi, Eau du Ponant et Brest Métropole travaillent actuellement à l’élaboration d’une stratégie d’économie d’eau et de diversification des ressources. Cette politique volontariste d’économie d’eau à Brest Métropole est d’autant plus essentielle que les demandes en eau ne cessent de croître.
Changement climatique et croissance démographique accentuent en effet les pressions sur la ressource. Le manque d’eau risque de conduire les agriculteurs, privés de leurs ressources principales issues des forages et de la pluie, à se reporter sur le réseau en été.
En parallèle, la croissance démographique attendue sur le Pays de Brest d’ici 2040, impliquera mécaniquement une hausse des besoins domestiques en eau. De plus, le territoire comprend des « gros consommateurs » d’eau : hôpitaux, collectivités, industries agro-alimentaires, etc.. qui ne disposent pas encore de dispositifs d’économies d’eau ou de solutions pour limiter leur utilisation. Dans ce contexte, les questions de partage de la ressource entre territoires, de priorisation des usages et des usagers se posent de plus en plus.
La visite de l’usine et les échanges passionnants autour de la production d’eau ont apporté un éclairage très concret et très précieux sur ce domaine mal connu. Si l’eau arrive jusqu’au robinet des Brestois-e-s, c’est grâce à une filière de traitement rodée, à des infrastructures importantes et au professionnalisme d’hommes et de femmes veillant à la continuité et à la qualité du service. Mais avant tout, l’eau vient d’une rivière qui rend de multiples services. Impactée par les activités humaines et le changement climatique, cette ressource vitale de plus en plus rare mérite d’être préservée et gérée au mieux pour que demain soit possible.