Introduction du Conseil municipal du 17 juillet 2020 par Marion Maury
Propos liminaires
Monsieur le Maire, cher·e·s collègues,
Il y a un mois maintenant, la Convention citoyenne pour le climat a présenté 150 propositions visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40% dans notre pays d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990.
Il se trouve que ce matin, en même temps que nous sommes réunis pour ce conseil municipal à Brest, ces citoyen·ne·s organisent un premier échange public avec les maires et les élu·e·s locaux·ales nouvellement élu·e·s dans le but de les interpeller sur leur engagement dans cet objectif.
Nous ne pourrons pas y participer ce matin, alors qu’il me soit permis de leur consacrer cette intervention.
Car si nous venons d’être élu·e·s par la volonté des Brestois·e·s, ces citoyen·ne·s sont aussi porteur·se·s d’une légitimité démocratique. Ces 150 citoyennes et citoyens tiré·e·s au sort sont venu·e·s de tous horizons sociaux et géographiques pour bâtir ensemble des propositions dans un esprit de justice sociale.
« Dans un esprit de justice sociale » : tel était leur mandat, et cette précision pourrait paraître superflue en tant que telle, tant nous sommes persuadé·e·s, vous comme moi, cher·e·s collègues, que combattre le dérèglement climatique n’est pas qu’un enjeu écologique.
C’est aussi un enjeu majeur de justice sociale : les premier·e·s qui seront touché·e·s seront d’abord, nous le savons, les territoires et pays les moins résilients et les individus les plus fragiles.
Nous nous rappelons aussi que cet exercice démocratique, innovant dans sa forme, a été lancé à la suite du mouvement des Gilets Jaunes.
Nous sommes bien conscient·e·s que l’écologie doit être une affaire de solidarité : une solidarité entre tous les territoires, ruraux comme urbains, car ce n’est pas seulement l’enjeu des citadin·e·s des grandes villes comme la nôtre.
La loi doit nous aider, nous les élu·e·s locaux, à ne pas céder à la tentation de mettre nos territoires en concurrence pour attirer entreprises ou habitant·e·s au détriment de l’environnement et de l’intérêt général.
Un cadre législatif plus ambitieux et commun devient urgent, par exemple sur la question de l’artificialisation des sols.
Nous savons qu’il faut aussi sans cesse faire la pédagogie de l’écologie, montrer qu’elle est un enjeu d’adaptation nécessaire face à ceux qui veulent l’affubler du procès lassant et absurde d’écologie punitive.
Alors nous félicitons cet exercice démocratique qui, par le travail citoyen fourni, participe à mettre des mesures concrètes et claires dans le débat public, dans les journaux, dans nos conversations, dans nos conseils et bientôt – nous le souhaitons – à travers les voies réglementaires, législatives ou référendaires.
Nous saluons cette démarche qui veut montrer que les solutions dépassent de loin les clivages partisans.
Car l’écologie est bien l’enjeu de tou·te·s.
Alors bien sûr, cet exercice n’est rien s’il n’est pas suivi de l’action et c’est ce qu’a rappelé le Haut Conseil pour le Climat au Président Macron il y a quelques jours.
Le Haut Conseil a posé ce constat sévère : nous ne sommes pas en France dans la bonne trajectoire, nos progrès sont insuffisants et nos politiques en faveur du climat ne sont pas assez évaluées.
C’est d’ailleurs dans ce but d’évaluation, que nous portons l’ambition ensemble de mettre un budget carbone à la ville de Brest.
Dans ces 150 propositions, beaucoup relèvent de la compétence de l’Etat. Elles touchent même à notre Constitution, dans laquelle il est question d’inscrire l’objectif de lutte contre le réchauffement climatique et le respect de la biodiversité.
Beaucoup concernent aussi directement le champ d’action des élu·e·s locaux que nous sommes. La crise du coronavirus a révélé avec acuité la pertinence de certaines d’entre elles : le développement des circuits courts, la résilience alimentaire, la relocalisation de la production de biens et de services, le développement des transports décarbonés et des mobilités actives, le recours facilité au télétravail là où il sert aussi le bien-être au travail. D’autres encore concernent la rénovation thermique des logements, la végétalisation des espaces ou la limitation de la publicité.
La Ville de Brest comme la Métropole mènent déjà des politiques publiques actives dans bon nombre de ces champs.
La Convention citoyenne pour le climat nous invite à agir ensemble ces six prochaines années, toutes étiquettes politiques confondues.
L’investissement dans la transition écologique est aussi un moyen durable de relance et de création d’emplois localement. Sur ces enjeux, je le pense, le monde politique joue sa crédibilité aux yeux de nos concitoyen·ne·s et des générations futures.
Monsieur le Maire, cher·e·s collègues, je suis certaine que nous serons à la hauteur ensemble de ce grand défi de notre époque, parce que tout simplement c’est notre devoir d’élu·e·s.
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