Gaëlle Morvan est intervenue lors du conseil municipal du 12 décembre 2023 au sujet de la présentation du Plan d’actions égalité Femmes – Hommes et diversité, notamment pour rappeler l’importance de tout faire à notre échelle pour faire disparaître ces inégalités et prévenir les violences qui en découlent.
Monsieur le Maire, cher-es collègues,
Le groupe des élu-e-s écologistes est bien sûr favorable à l’adoption du plan d’actions 2024-2026 égalité Femmes-Hommes et Diversité qui vient de nous être présenté.
Tout d’abord, nous tenons à rappeler pourquoi il est malheureusement indispensable d’élaborer et de mettre en œuvre ce type de plan d’actions, pourquoi il s’agit d’un sujet majeur, et sur lequel il est nécessaire de sortir du déni pour pouvoir agir.
D’après le Rapport sur les discriminations en France établi par l’Observatoire des inégalités, basé sur des enquêtes auprès de la population, la France se dit plus “ouverte” en 2023 qu’il y a 20 ans. Pourtant, en 2023, 18 % de la population affirment avoir subi des discriminations ces 5 dernières années en raison de leur sexe, de leur origine, de leur orientation sexuelle, de leur handicap, etc.. Par ailleurs, les formes les plus violentes de racisme, de sexisme ou de LGBTphobie ne reculent pas, voire dans certains cas, elles augmentent.
Le Haut Conseil à l’égalité femmes-hommes fait le même constat dans son rapport sur l’État du Sexisme en France. Outre les chiffres édifiants sur le sexisme au travail, la perception de la place de la femme dans la société, les violences sexistes et sexuelles et les féminicides, ce rapport nous enseigne que “la persistance du sexisme dit « ordinaire » est d’autant plus préoccupante qu’elle peut conduire aux manifestations les plus violentes.”
Le sexisme “ordinaire” ou sexisme du quotidien, vous savez, ce sont ces petites phrases déplacées sur la tenue vestimentaire d’une collègue au travail, ces compliments que l’on va faire à un homme qui s’occupe de ses enfants, lorsque l’on ne dit rien à une femme parce qu’on trouve cela juste normal, ces publicités qui diffusent des stéréotypes genrés dans la rue, cette tendance à penser qu’un homme serait beaucoup plus apte à assumer une fonction à responsabilités au travail, etc etc..
Ces mots, ces images, ces pensées révèlent une vision dévalorisante et réductrice de la femme, une construction souvent inconsciente dans laquelle baigne notre société et qui exclut de fait toute égalité avec l’homme. Et cette vision sexiste, si elle n’est pas éclairée, si rien est fait pour la changer profondément, vient malheureusement ouvrir la porte à des violences plus graves encore.
1 féminicide tous les 3 jours. Avec plus de 120 victimes depuis le début de l’année, 2023 ne fera pas exception.
Le sujet de l’égalité est un sujet majeur. Faut-il rappeler que les femmes constituent la moitié de la population ? Mais il n’est pas un sujet si on ne veut pas le voir, et aucune action n’est possible si les discriminations sont banalisées ou niées.
En tant qu’employeur de 4000 personnes au sein de la métropole, en tant que commune de plus de 130 000 habitantes et habitants, il est important et indispensable d’avoir un plan d’actions pour l’égalité : nous devons tout faire à notre échelle pour faire disparaître ces inégalités et prévenir les violences qui en découlent.
Je me suis davantage étendue sur la question femmes-hommes mais le parallèle peut être fait pour les autres discriminations, ce sont les mêmes mécanismes et un besoin aussi fort de réponse.
Face à l’ampleur de la tâche, toutes les actions du plan de lutte contre les discriminations qui nous est présenté sont importantes.
Nous en retiendrons quelques unes pour les citer :
- la recherche d’exemplarité en tant qu’employeur, veiller à la réduction des écarts de rémunération, garantir l’égal à accès aux différents cadres d’emplois,
- la réflexion portée sur les usages des espaces dédiés aux enfants avec le réaménagement des cours d’école et d’accueil périscolaire,
- le déploiement d’une sensibilisation et de formations auprès du personnel, de toutes strates hiérarchiques, et des métiers d’accueil du public, je pense notamment à la démarche du service éducation sur la lutte contre la pauvreté que nous verrons dans la délibération 37.
- le développement du dispositif de signalement des violences sexistes et sexuelles Angela à l’échelle de la ville,
- l’analyse genrée à mener sur les besoins et les usages dans le sport, l’intégration systématique de ces enjeux au sein des politiques sport, développement social et santé,
- le renforcement de l’accessibilité des espaces publics aux personnes en situation de handicap,
- la création d’un hébergement d’urgence pour les jeunes majeur-e-s discriminé-e-s en raison de leur identité ou de leur orientation sexuelle, un lieu visible pour la culture LGBTQIA+
En conclusion, nous retenons l’importance de mettre en œuvre ce plan d’actions. Nous soulignons la nécessité de déployer les moyens humains et financiers nécessaires à la réussite de cette démarche. Tout ne se fait pas en un jour, nous en sommes conscientes et conscients. Néanmoins, nous appelons à la généralisation de ces actions à tous les services et toutes les politiques d’ici 2026.
Face au changement sociétal nécessaire pour lutter contre toutes ces discriminations, mettons les moyens.