Lors du conseil municipal du 28 mai 2024, Glen Dissaux aborde le projet de réforme de l’assurance chômage annoncé par le gouvernement en propos liminaire. Une « réforme d’une violence inouïe » qui sans créer d’emploi supplémentaire, ne fait que précariser, appauvrir celles et ceux qui sont déjà pauvres et creuser les inégalités.
« M. Le Maire,
Je voulais pousser un coup de gueule contre le gouvernement, qui nous met, nous élus locaux, encore une fois, dans une position extrêmement difficile : nous sommes en première ligne face aux difficultés sociales et économiques des habitants, et eux n’ont de cesse de durcir les politiques sociales.
On a maintenant devant nous une réforme de l’assurance-chômage qui est d’une violence inouïe. D’autant qu’elle se cumule avec les deux précédentes que l’on a pas encore évaluées d’ailleurs. C’est une réforme qui va pénaliser absolument tout le monde. Je rappelle que le Ministère du travail il y a six mois jugeait « peu opportun » et prématuré de durcir encore les conditions d’accès aux allocations-chômage…
Les principales mesures cette fois-ci je le rappelle :
- la baisse de l’éligibilité à l’assurance chômage (la cible c’est les jeunes)
- le raccourcissement de la durée d’indemnisation maximale de 18 à 15 mois
- le durcissement des conditions de l’indemnisation, des seniors en particulier.
Vous voyez, y’en aura moins pour tout le monde.
Par exemple, une fin de premier CDD de six mois ne donnera ni chômage ni RSA. Imaginez ce que cela représente pour les jeunes qui rentrent sur le marché du travail. Je ne sais pas vous, mais moi j’ai été au chômage, j’ai été au RSA. J’ai heureusement bénéficié de mes droits, de mes cotisations d’alors et de celles à venir, puisque nous sommes encore dans un système de solidarité nationale, pour me réorienter, me former, et retrouver un emploi.
Je trouve assez insupportable d’assister à la casse des joyaux nationaux que sont la protection sociale et notre modèle de solidarité. D’autant que notre politique d’assurance chômage n’est pas contrairement a ce qu’on entend, la plus protectrice d’Europe loin s’en faut.
Autre chose : l’assurance chômage n’est pas en difficulté financière, elle est excédentaire.
On assiste à une réforme purement idéologique : taper sur les précaires, sur les chômeurs, utiliser constamment la stigmatisation du « chômeur-profiteur », ce qu’au passage démentent toutes les études, qui montrent par contre que ça n’a aucun impact sur la marché de l’emploi. Réduire l’indemnisation chômage ne crée pas d’emploi supplémentaire. Par contre, ça précarise.
Il est irresponsable de réduire encore les droits, surtout dans ce contexte d’inflation, au lieu de s’attaquer à fraude fiscale et de taxer les profits et les richesses. C’est une brutalité, un aveuglement, qui appauvrit encore les plus pauvres, qui creuse les inégalités, renforce les clivages et le ressentiment dans notre pays.
Dans le pays de Brest, comme ailleurs, la réforme ne prévoit d’attribuer aucun moyen supplémentaire aux conseillèr.e.s de France Travail pour accompagner le retour à l’emploi des chômeurs et des chômeuses des territoires. Plus de formations ? Non, non plus évidemment. Plus de lien avec les entreprises ? Pas du tout.
Ici, vous le savez, on a une forte saisonnalité des emplois dans le Finistère. Il y a un tiers des entreprises qui cherchent à recruter actuellement. Alors les salarié.e.s en contrats courts, saisonniers, les missions de chantier, ou dans l’agriculture, le tourisme, les festivals, la restauration par exemple, et bien tous et toutes vont souffrir de cette réforme. Comme celles et ceux d’ailleurs dont la reconversion après un métier qui use et qui casse est déjà compliquée, dans les secteurs du bâtiment, de l’industrie, l’aide à la personne etc.
Donc on va devoir, nous élu.e.s locaux, Ville de Brest, palier les manques, payer les pots cassés de ces politiques antisociales et gérer cette paupérisation, cette précarisation, dans un contexte où l’on assèche les finances des collectivités territoriales. Je vous remercie. »
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