Le 19 janvier 2022, la communauté bretonnante se réunissait devant le rectorat de Rennes pour défendre l’enseignement du breton et en breton. A la fin du mois, une nouvelle convention Etat-Région relative à la transmission des langues bretonnes doit être signée. Le compte n’y est pas.
Un manque d’engagements et de moyens
La langue bretonne est en danger. La transmission familiale est de moins en moins importante. L’apprentissage de la langue à l’école semble l’un des moyens les plus probants pour la survie de la langue. Fin février, le Conseil Régional votera sur la prochaine convention État-Région 2022-2026 relative à la transmission des langues de Bretagne. Le blocage sur le renouvellement de la convention laisse entendre que le Ministère de l’Éducation nationale peine à tomber d’accord avec la Région Bretagne autour des moyens accordés à l’enseignement et la transmission des langues régionales. Les associations de défense de la langue ont dénoncé à plusieurs reprises l’absence de plan d’action concret et d’engagements chiffrés de l’État pour atteindre l’objectif de 30 000 élèves en classe bilingue.
Une protection nationale insuffisante
L’attitude de l’État sur la question n’est ni nouvelle ni étonnante. La déception immense de la communauté provoquée par l’adoption en mai 2021 de la loi Molac relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, dans une version édulcorée après avis du Conseil Constitutionnel, est encore bien présente dans les esprits. Ce dernier avait en effet censuré deux mesures fortes : l’une relative à l’utilisation des signes diacritiques, comme le tildé en breton, l’autre concernant l’enseignement immersif. La ville de Brest avait à cette occasion adopté un vœu en conseil municipal à l’unanimité, à retrouver ici.
Des actions locales salutaires
Face au mépris de l’État, il convient toutefois de ne pas céder au pessimisme et d’agir tant qu’on peut pour faire vivre la langue. Il est absolument indispensable que les élus locaux se mobilisent, luttent sans relâche pour la place du breton. Ils doivent avancer aux côtés de la communauté éducative, des associations de défense de la langue, des parents et des enfants qui veulent voir comme 90% des Breton·ne·s leur langue vivante. On peut penser que cela ne va jamais assez vite, que tout est largement améliorable, mais petit à petit on gagne les cœurs et les esprits… En guise d’exemples de ce qu’une collectivité comme Brest peut faire pour la visibilité du breton dans l’espace public, on peut noter le bilinguisme sur toutes les nouvelles plaques de rues, les filières bilingues, le soutien aux associations, etc….
Un grand chemin a été parcouru, mais la route est encore longue ! Que vivent nos langues !
Retrouvez la réaction en breton de Glen DISSAUX sur la mobilisation du 19 janvier 2022 devant le rectorat de Rennes pour défendre l’enseignement en breton. C’est ici.