Construction d’un nouveau stade

Glen Dissaux est intervenu lors du Conseil de Métropole le 29 juin 2022 au sujet du projet de construction d’un nouveau stade au Froutven, Guipavas.

Monsieur le Président, chers collègues,

On nous propose d’approuver une déclaration d’intention sur le projet d’un nouveau stade au Froutven et donc de mettre en œuvre les procédures y compris de modification du PLU.

Ce ne sont pas de simples délibérations anodines, ce sont les premières sur ce projet, c’est véritablement mettre le doigt dans l’engrenage et dire que ce projet est une bonne idée, qu’il présente un caractère d’intérêt général pour le territoire.

Nous ne sommes pas d’accord, on l’a déjà dit, j’ai eu l’occasion de le développer dans l’excellent podcast de Brest On Air que je vous invite à écouter, si le sujet vous intéresse.

Pour les écologistes, ce projet est à contre-courant, c’est un modèle d’un autre temps, qui aura un impact majeur sur l’environnement, qui ne fonctionne pas ailleurs, qui est décrié partout, qui est mauvais sportivement, qui coûte énormément au contribuable, en investissement et en entretien. Regardez ce qui se passe ailleurs où les surcoûts sont énormes et les fortunes sportives pour le moins nuancées…. Je souhaite très sincèrement le meilleur, sportivement, au SB29 mais si d’aventure l’équipe subissait la malédiction des nouveaux stades bien connue des footballeurs, ce serait économiquement très difficile à assumer.

Nous réitérons notre attachement à le Francis le Blé, symbole et garantie d’un football populaire et bon marché à Brest. Nous demandons une étude complète des scénarios à Le Blé avant toute chose, pas en même temps, et nous croyons qu’il est possible de trouver des solutions qualitatives sur le stade actuel.

Ce nouveau stade au Froutven serait excentré, hors de la ville de Brest, plus petit que l’actuel, et poserait au moins deux problèmes :

  • L’impact environnemental évidemment

Le projet pose de nombreux problèmes : l’étalement urbain, le trafic routier, … La gestion des flux automobiles n’est pas cohérente : on va rajouter de la saturation dans un secteur très congestionné, avec de très grands parking mais qui seront encore très insuffisants.

Il y a le problème de la protection des espèces, de la faible efficacité des mesures de compensation, de la gestion des eaux, de la continuité écologique rompue entre les vallons, etc.

Nous artificialisons trop de terres et ça provoque des catastrophes très concrètes. On ne peut pas, alors que tous les objectifs réglementaires nous enjoignent d’arrêter, continuer à ce rythme.

  • L’impact économique ensuite

Le risque de déséquilibre économique sur la Métropole nous semble bien réel, il y a encore de nombreux services, restaurants et activités prévus. Le modèle économique n’est pas sûr, n’est pas le bon, et il y a la question du coût pour la collectivité surtout.

Parce qu’on peut discuter du fond, on peut être en désaccord sur ce projet. Mais il y a quelque chose qui je crois devrait nous mettre d’accord, c’est le fait que ce n’est pas le bon moment.

L’investissement de la collectivité dans des équipements publics directement liés au projet, pour la VRD, les aménagements, c’est 11,5 millions d’euros, spécifiquement dédiés. Et là on ne parle pas des surcoûts, parce qu’on sait bien que dans le BTP, sur les coûts des matériaux, on prend 30-40% en ce moment.

On le sait d’autant plus qu’on a voté sans réserve les travaux de rénovation de la tribune Quimper, qui vont nous amener à 1,8 millions d’euros. Donc ce n’est pas un problème d’investissement sur une infrastructure.

Voilà, donc au moins 11,5 millions, et ça c’est sans une éventuelle participation directe de la collectivité au projet. Ça a été évoqué mais à ce jour on n’a pas d’éléments précis, pas plus que sur les garanties d’emprunt, le montage financier et le portage véritable du risque.

A été évoqué lors de la session plénière que nous avions demandé en présence de tou·te·s les élu·e·s de toutes les communes de la métropole, un montant global pouvant atteindre éventuellement 30 millions d’argent public dans le projet.

Alors nous disons qu’on ne peut pas se le permettre. Dans ce contexte d’explosion des coûts, de hausse de tarifs de l’énergie (les factures d’essence, de gaz, d’électricité prennent 200-300 %), tout le monde est directement impacté au porte-monnaie et pour notre collectivité ce sera la même chose.

Les premières estimations c’est plus de 12 millions d’euros de surcoûts. Comment on va gérer ça ?

Comment, en responsabilité, on peut s’engager là-dessus ? Sur un projet aussi impactant ? Alors que par ailleurs on rogne sur nombreux budgets ?

Il nous est difficile de tenir les investissements prévus et on en a pourtant des fondamentaux. On a parlé tout au long de ce conseil d’investissements d’intérêt général, utilisés quotidiennement par les Brestoises et les Brestois et même au-delà, par les classes populaires : la deuxième ligne de tram bien sûr, le BHNS, les aménagements piétons, vélos, … Et ça on y tient plus que tout.

Alors comment est-ce qu’on va justifier qu’on n’avance pas assez vite là dessus ? Qu’on ne réponde pas à nos objectifs sur les aménagements vélo, sur la réparation de la voirie ou même qu’on ne peut pas réparer le terrain d’un club de foot ? Alors budget métropole et budget ville pour eux c’est pareil, ce qu’ils voient c’est le résultat, c’est que les terrains ne sortent pas.

On se rejoint, ça a été rappelé en conseil municipal hier soir, évidemment sur les valeurs du sport populaire. Tous ces clubs qui drainent des milliers de spectateur·rice·s gratuitement tous les week-ends, les gymnases pleins, les abords des terrains de foot, ça ça nous parle évidemment. Tout comme le soutien inconditionnel nécessaire que nous apportons aux associations, aux clubs, aux structures de quartier.

Alors on a voté une augmentation du ticket de tram/bus. Il y avait un article dans le journal sur l’augmentation des prix de cantine. On voit très bien qu’il y a d’autres services dont les prix sont susceptibles d’augmenter et vont impacter le pouvoir d’achat des ménages.

Nous on pense qu’on peut encore envoyer un signal de gestion financière plus modérée, de sobriété, de prudence aussi, en n’actant pas notre intention de se lancer dans un projet très coûteux. On pense qu’on ne peut pas initier un projet comme ça sans avoir véritablement toutes les cartes en main, sans avoir discuté collectivement du coût, en particulier, et de l’impact.

Donc c’est ce qu’on demande depuis le début : une étude aboutie sur les possibilités à Francis Le Blé et puis le coût précis du montage de ce projet au Froutven.

Dans cette période incertaine de hausse des coûts généralisée, nous disons que nous n’avons pas tous les éléments pour voter ce projet. Sans parler, pour terminer, évidemment du coût écologique exorbitant dans un tel projet. On pourra revenir en détails plus tard sur cette question de l’impact environnemental parce que c’est vraiment colossal. C’est à rebours de tous nos efforts de décarbonation, de réduction de notre empreinte carbone, de sobriété énergétique, de nos objectifs climatiques du Plan Climat et de la préservation de la biodiversité notamment.

Donc nous disons que ce n’est pas le bon projet et que ce n’est pas le bon moment.


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