Rodéos urbains, quelles solutions pour apaiser ?

Le 4 octobre 2022, une opération de lutte contre les rodéos urbains avait été menée dans le quartier de Bellevue, à Brest. (Photo d’archives Le Télégramme/Jean-Luc Padellec)

Rodéos urbains à Brest : « L’un des symptômes d’une société sexiste », pour EELV, Le Télégramme du 23/04/2023

Communiqué de presse du 21/04/2023

Nous sommes toutes et tous d’accord sur le constat : ces rodéos urbains causent de nombreuses nuisances pour les riverain.e.s, et sont à risque d’accidents, parfois mortels comme l’actualité récente nous l’a malheureusement montré. Ces événements sont tragiques, et nous dénonçons cette violence inacceptable. Nous apportons notre soutien inconditionnel aux victimes de ces agissements.

Certain.e.s voudraient toujours plus de vidéosurveillance et voir naître une police municipale pour pallier le manque d’effectif de la police nationale. Mais face à ce phénomène, nous doutons sérieusement de l’efficacité d’une réponse uniquement répressive.

Contrairement à ce qui est soutenu, des caméras ne peuvent être installées sur toutes les voies susceptibles d’être empruntées par les motocycles. D’autre part, le rôle dissuasif de la vidéoprotection reste entièrement à démontrer. Concernant la police municipale, celle-ci ne pourrait que constater l’infraction pénale que constituent les rodéos urbains depuis août 2019.

Renforcer les effectifs de la police nationale, et plus globalement les moyens alloués à la police et à la justice est une solution. Nous en avons besoin mais pas seulement pour lutter contre les rodéos, mais pour tout un tas d’autres infractions et violences.

Il ne faut pas s’illusionner : les rodéos urbains existent aussi dans les villes dotées de caméras et d’une police municipale partout en France. Et même lorsque les auteurs de ces actes sont condamnés, le phénomène se poursuit. La répression ne suffit pas à éradiquer le problème.

À contre-pied de cette surenchère sécuritaire, nous affirmons que la sûreté locale repose sur une approche préventive, démocratique et sociétale.

Dans la ville, une politique de sûreté et de tranquillité doit articuler différentes politiques publiques : aménagement du territoire, jeunesse, culture, sport, lutte contre les discriminations, santé… et la coopération de différents acteurs, dont les associations de quartier. En ce sens, œuvrons à renforcer la cohésion sociale et la médiation, la présence d’éducateurs et éducatrices spécialisées, des médiateurs et médiatrices, la co-construction avec les habitant.e.s.

Arrêtons de stigmatiser les quartiers ! En prenant du recul sur les évènements, ces rodéos, s’inscrivent plus largement dans des comportements routiers à risque que l’on retrouve sur l’ensemble du territoire, campagne et ville et dans une diversité de population. Plus largement, nous pensons qu’une éducation sur le juste partage de l’espace public, sur le genre et la masculinité, sur les “rites de passage” de la jeunesse, est indispensable pour apaiser la société. Pourquoi ? parce que cette forme de violence est l’un des symptômes d’une société sexiste. En ville, les rodéos urbains sont une occupation de l’espace public caractérisée par une manifestation de “masculinité virile” stéréotypée, source de violence dans notre société. Ces rodéos constituent un mode de domination vis à vis des autres publics dits « vulnérables » : personnes âgées, femmes et enfants. Nous appelons à un changement profond de la société en déconstruisant ces stéréotypes par la sensibilisation du plus grand nombre.

Enfin, nous déplorons l’instrumentalisation politique de la droite d’un fait divers tragique, comme le fait le député M. Larsonneur alors même que son gouvernement est la cause de la colère dans le pays et comme le fait Mme Malgorn en quête d’écho  médiatique, qui a traîné dans la boue notre belle ville aux JT nationaux en stigmatisant les populations des quartiers et surfant sur les peurs des Français. En outre, nous condamnons les propos stigmatisants et les amalgames douteux de Mme Thomaïdis.

Les élu·e·s écologistes de Brest
Gaëlle Morvan, Marion Maury, Nathalie Chaline, Glen Dissaux, Gwendal Quiguer et Ronan Pichon