Glen Dissaux est intervenu lors du conseil de métropole du 22 mars 2024 pour présenter le rapport de suivi à mi-parcours du Plan Climat Air Énergie Territoire (PCAET). Il rappelle l’importance de ce document dans le contexte actuel, et indique que 85 % des actions sont engagées ou partiellement engagées. Malgré les efforts entrepris, il persiste un décalage important entre les trajectoires d’évolution sur le territoire et l’objectif de neutralité carbone, notamment en matière de consommation de gaz et de mobilité.
Monsieur le président, chers collègues,
Je vous présente le rapport à mi-parcours de notre plan climat adopté le 29 janvier 2020.
Des remerciements
C’est un très gros et important travail pour notre collectivité : il faut collecter énormément de données auprès de nombreux acteurs ; ce sont des sujets complexes et très vaste et il n’est pas toujours évident techniquement d’avoir accès aux données et de les analyser. On pourra d’ailleurs améliorer cet aspect.
Je voudrais sincèrement remercier et féliciter les services de Brest Métropole, la direction de l’écologie urbaine en particulier et l’ensemble des services qui ont joué le jeu en remontant des chiffres, les parties prenantes, sans oublier les communes dont je salut aussi l’engagement, les associer à chaque étape est un des points cruciaux de notre politique climat énergie. J’en veux pour preuve la participation de toutes les communes aux chartes d’engagements climat mais aussi le travail conjoint sur les Zones d’accélération ENR ou les activités du projet Tomorrow et du village climat déclic par exemple.
Alors, il vous est proposé de prendre acte de ce rapport réglementaire, mais je vais passer un petit peu de temps dessus.
Quelques éléments de contexte, en France …
On pourrait penser que tout va bien et qu’on n’en a pas besoin finalement : si on écoute le gouvernement qui se targue d’une baisse de 4,8 % des émissions de gaz à effet de serre en 2023, et ceci en prétendant que ce serait l’effet de la planification écologique.
Comment ne pas se réjouir d’une baisse des consommations d’énergies dans le contexte ?
Parce qu’elle provient d’une sobriété subie, et non choisie, par de nombreux ménages, qui limitent le chauffage ou leurs déplacements du fait de factures d’énergie trop élevées. C’est ce qu’on appelle de la précarité en fait… S’y ajoute un hiver doux et la reprise du nucléaire.
Rien à voir avec une politique efficace et juste de décarbonation de l’économie. Très loin d’être une victoire, c’est un rappel de l’urgence climatique, les mesures structurelles sont inexistantes, avec aucune évolution sur les transports ou l’arrêt du soutien à des projets pétroliers et gaziers en France. Tout cela rend plus difficile notre action locale.
La vérité sur les trajectoires climatiques, c’est que personne n »est à la hauteur ! Soit on n’est pas assez ambitieux ou alors on ne se donne pas les moyens de nos ambitions. Et pourtant, à Brest métropole on fait beaucoup de choses qui vont dans le bon sens, et qu’on peut encore accélérer pour voir une évolution significative.
… Et dans le Monde
Un nouveau rapport de l’Organisation Météorologique Mondiale est sorti cette semaine. 2023 a été une année de records d’émissions de gaz à effet de serre et de température, mais aussi d’élévation du niveau matin, d’acidification des océans, de recul des glaciers…
On arrive déjà à la limite des 1,5 °C de l’accord de Paris que l’on ne devait pas dépasser. Et les conséquences vont être très significatives. On le sait toutes et tous désormais, ce n’est pas seulement « ailleurs » que les problèmes se posent, vont s’amplifier et s’aggraver, mais aussi ici.
Les collectivités seront en première ligne. Nous devons absolument :
- Œuvrer à la réduction sur notre territoire des facteurs du dérèglement climatique
- Ouvrir grand les vannes des investissements sur les énergies renouvelables, qui représentent un grand espoir pour l’avenir du climat
- Anticiper et s’adapter aux conséquences néfastes du changement climatique pour la population, la biodiversité, les activités économiques…
Le PCAET un outil stratégique de planification
Le PCAET est l’outil de planification, à la fois stratégique et opérationnel, qui permet d’aborder ces problématiques air-énergie-climat à l’échelle du territoire.
Ce rapport de suivi à mi-parcours est donc très important. Il rappelle les orientations stratégiques de la collectivité adoptées après un diagnostic du territoire. Il fait apparaître l’état d’avancement du plan d’actions décliné par thématiques en 60 fiches action. On note que 85 % des actions sont engagées ou partiellement.
Des investissements importants ont été réalisés sur la période, par exemple pour l’optimisation de l’éclairage public, on en a parlé cette semaine au colloque international NOZ BREIZH auquel Brest métropole a participé (6 M€ en 5 ans), pour l’extension du réseau de chaleur (17 M€), pour la rénovation thermique de 5 groupes scolaires de Brest (14 M€), pour le développement des pistes cyclables (2 M€/an), pour la production d’ENR et l’optimisation énergétique de l’UVED (9 M€ par Sotraval), pour l’électrification du parc de véhicules légers de la collectivité (1,4 M€), l’accompagnement du dispositif Tinergie (2 M€/an), pour l’achat de bus électriques (3,5 M€/an), etc.
Ces investissements sont importants mais nécessaires et n’oublions pas qu’ils génèrent aussi des économies pour le territoire. Beaucoup de choses avancent, mais on constate néanmoins à mi-parcours qu’il faut faire plus pour atteindre les objectifs nationaux et locaux. Tout n’est pas du fait de la collectivité.
Le suivi des indicateurs « climat »
Regardons d’un peu plus près quelques chiffres :
D’abord l’évolution des émissions de gaz à effet de serre : on constate une très légère baisse des émissions mais il faudrait une accélération bien plus importante… Pour rappel, les principaux secteurs émetteurs de gaz à effet de serre sont le transport et la mobilité pour 53 %, l’industrie et l’agriculture pour 30 % puis l’habitat pour 17 %.
Ensuite, sur les consommations d’énergie : on constate une courbe tendancielle en très légère hausse, alors qu’il faudrait tendre vers une baisse continue de l’ordre de 2 % par an pour atteindre une réduction de 50 % en 2050.
La baisse des consommations d’énergie constitue le premier levier pour atteindre la neutralité carbone On a un vrai sujet autour de la consommation de gaz, qui a augmenté de 32 % entre 2011 et 2021. Le décalage avec la cible de neutralité carbone est très importante… Cette hausse est en grande partie due aux serres chauffées, qui sur le territoire de la métropole, sont en augmentation.
Concernant la production d’énergie renouvelable : il y a une vraie dynamique de développement à Brest métropole, qu’il faut maintenant accélérer avec un outil technique et opérationnel dédié et des investissements. L’enjeu est de réussir à massifier le développement de l’énergie solaire.
Enfin, un dernier indicateur, la qualité de l’air : on a réalisé des études, sur les abords du port de commerce notamment. D’une manière générale, la qualité de l’air en moyenne annuelle sur Brest est conforme aux normes de références actuelles. Néanmoins, les dépassements ponctuels ont été plus nombreux en 2022 qu’en 2021 pour le dioxyde d’azote et les particules fines. Et les seuils d’alerte vont bientôt baisser, et là Brest pourrait alors se retrouver avec des résultats beaucoup moins bons qu’aujourd’hui, du notamment aux déplacements.
Point d’étape sur la mobilité décarbonée
Les objectifs du PCAET en matière de transport sont :
- D’ici 2025, d’atteindre 10 % de part modale en transports en commun et 4 % de part modale à vélo.
- De diminuer de 1,5 % par an la part de la voiture individuelle dans les déplacements.
- D’accélérer l’évolution des pratiques de tous en faveur des mobilités alternatives.
On a de nombreux chantiers d’ampleur : Nos collègues Yohann Nedelec et Marion Maury doivent s’en réjouir : la bonne nouvelle est la très forte hausse des déplacements à vélo, qui a doublé.
Plusieurs actions de la collectivité ont œuvré en ce sens : développement de l’offre de stationnement vélo, réalisation de pistes cyclables, service de vélo en libre-service, subventions à l’achat de VAE, plan de communication et diverses actions envers les habitants pour inciter aux changements de comportement de mobilité. Il faut maintenant s’adapter a cet usage croissant dans les aménagements les pistes sécurisés et itinéraires, les garages a vélo et arceaux, etc.
A contrario, l’usage des transports en commun baisse un peu, mais il y a des effets post covid à prendre en compte. Le projet Mon Réseau Grandit va venir renforcer significativement le réseau métropolitain de transport et induire une hausse de fréquentation et des changements d’habitudes.
Par contre, le trafic automobile quant à lui ne diminue pas sur la période étudiée (2014-2022), et là ce n’est pas du seul fait de la collectivité, il faut que tout l’écosystème (acteurs économiques, habitants, État et collectivités) soit prêt à développer un ensemble d’alternatives crédibles et décarbonées.
Les efforts sont à poursuivre et à amplifier
Globalement et en conclusion, ce rapport de suivi à mi-parcours du PCAET nous montre certaines évolutions positives mais aussi qu’il persiste un décalage important entre les trajectoires d’évolution sur le territoire et l’objectif de neutralité carbone, notamment en matière de mobilité et de consommation de gaz.
Notre défi, à Brest et ailleurs c’est d’articuler les démarches de transition climatique et énergétique avec les enjeux de développement économique et de cohésion sociale. Ceci en ayant les ressources financières et humaines nécessaires pour arriver progressivement à réduire nos consommations d’énergie et de ressources, c’est difficile, ça demande du temps : pourtant il faut aller plus vite. Ce sera au cœur de notre prochain PCAET.
Retrouvez ici un article de presse du Télégramme sur le sujet : Brest Métropole doit redresser la trajectoire de son Plan climat
Retrouvez ici l’ensemble des interventions des élu.e.s en conseil de métropole