Impact des activités portuaires sur la qualité de l’air à Brest

Brest Métropole a confié à l’association Air Breizh l’étude de la qualité de l’air sur le port de Brest et quartiers environnant. Les résultats des campagnes de mesures ont fait l’objet d’une présentation en réunion publique le jeudi 6 février 2025 devant près de quarante personnes.

Vue sur la rade et le Port prise du quartier de Saint-Marc à Brest

Une préoccupation des habitant-e-s

A l’origine de cette étude : le questionnement des riverains et riveraines du port. En effet, des habitant-e-s peuvent parfois exprimer des inquiétudes quant aux nuisances occasionnées par les activités industrielles du port. Gaëlle Morvan, adjointe au quartier de Saint-Marc à Brest peut en témoigner :

« Nous recevons régulièrement des riverains qui nous posent des questions sur les odeurs de soja, des fumées qui proviennent du port, sur la pollution de l’air. »

En 2009, la Ville de Brest a alors constitué une cellule de veille pour réunir riverains et acteurs du port afin d’échanger sur ce sujet.

Pour améliorer les connaissances et évaluer le niveau d’exposition des habitant-e-s, Brest Métropole a commandé en 2021 la réalisation d’une étude d’impact des activités industrielles portuaires sur la qualité de l’air.

Une étude entamée en 2022

Brest Métropole a mandaté l’association Air Breizh, qui assure le suivi de la qualité de l’air en Bretagne, pour la réalisation de cette étude d’impact. Glen Dissaux, Vice-Président en charge du Plan Climat Air et Énergie Territorial (PCAET) à la métropole en pilote le déroulement.

Une première phase d’étude préalable a eu lieu au cours de l’année 2022. Air Breizh a d’abord recueilli et analysé les données existantes sur le port afin de mieux comprendre les enjeux. Lister les activités exercées, identifier les polluants à enjeux et les zones d’émissions, cibler les zones d’habitations… A partir de ce travail, un protocole d’investigations a été élaboré pour la réalisation des mesures de la qualité de l’air.

Un dispositif de mesure de grande ampleur

Deux campagnes de mesure ont été réalisées courant 2023, l’une en janvier et l’autre en juin, afin de garantir une bonne représentativité des résultats.

Trois stations de mesure fixe ont été équipées dans les quartiers riverains, complétées par une 30aine de point de mesure à analyses différées. Saint-Marc, Brest-Centre, Quatre-Moulins sont les trois quartiers alentour du port étudiés.

Les mesures ont été priorisées sur les polluants à effet sanitaire suivants : le dioxyde d’azote, le dioxyde de soufre, les composés organiques volatils, les particules fines (PM10) et sédimentables.

« Nous avons choisi de mesurer les polluants à effet sanitaire, car la qualité de l’air est un sujet de préoccupation majeur pour les Brestois ».

Glen Dissaux, Vice-Président en charge du Plan Climat Air Énergie Territorial

Ces polluants ont été mesurés sur la zone d’étude, au plus proche des sources d’émission (proximité industries), et dans les quartiers cibles, afin d’évaluer l’impact des activités sur la qualité de l’air des quartiers riverains.

D’après Air Breizh, il s’agit d’un dispositif d’ampleur, inédit en termes de surface et paramètres recherchés.

Résultats et analyses

Cette étude a permis de mieux comprendre les niveaux d’exposition des populations riveraines aux différents polluants issus des activités du port et de mettre en avant la sensibilité de certaines zones vis-à-vis de certains polluants.

Pour le dioxyde d’azote, le dioxyde de soufre et les particules fines PM10 disposant de seuils réglementaires, les valeurs limites actuelles et fixées pour 2030 dans la nouvelle Directive Européenne pour la protection de la santé humaine, ont été respectées sur l’ensemble des points.

A noter néanmoins que la concentration de dioxyde d’azote, émis principalement par le trafic routier, dépasse ponctuellement les recommandations de l’OMS lorsque la circulation est plus dense.

Pour les particules sédimentables, non règlementées dans l’air ambiant mais à l’origine possible de nuisances visuelles, bien que les sites de mesure à proximité des sources soient impactés, les niveaux relevés à l’extérieur du port, dans les quartiers riverains, sont faibles (hors site de proximité au trafic routier).

En synthèse

Les résultats de cette étude, centrée sur la mesure des polluants à effets sanitaires, ont permis de confirmer la présence des sources d’émissions. En revanche, l’impact des activités du port sur la qualité de l’air des quartiers riverains est globalement peu significatif.

Des résultats « rassurants » pour la protection de la santé, qui servent de « point de départ » d’après Glen Dissaux. Ils permettent d’identifier des pistes de surveillance pour « aller plus dans le détail« .

Les perspectives

En complément de ces investigations, l’opportunité d’un déploiement d’une méthode de surveillance plus intégrative telle que la biosurveillance pourrait également être étudiée.

Par ailleurs, sur l’aspect « odeurs » notamment de soja, une caractérisation des nuisances olfactives pourrait être lancée via la constitution d’un observatoire dédié. Cet observatoire pourrait compter des riverains formés par Air Breizh pour devenir des « nez » permettant d’identifier et répertorier les zones sensibles. A l’instar du dispositif Signal Air.

De plus, si les concentrations respectent les normes actuelles de qualité de l’air, le renforcement de la concertation avec les acteurs du port permettrait d’aller plus loin dans la diminution de l’impact des activités des activités portuaires.

Il faut qu’on ait un dialogue constructif et accru avec certains acteurs du port parce qu’on sait qu’ils ont un impact sur la qualité de l’air.