C’était le thème choisi pour la conférence annuelle organisée par Océanopolis et Brest Métropole dans le cadre de la journée mondiale de l’eau du 22 mars 2023.
Quoi qu’on dise sur la météo bretonne, le changement climatique n’épargne pas notre région. En introduction, Nathalie Chaline, vice-présidente en charge de l’Eau et l’Assainissement à Brest métropole, a souligné la nécessité pour le territoire de s’engager dans une politique ambitieuse d’économies d’eau.
Les tendances du climat Brestois à horizon 2050
Michel Aïdonidis, Consultant en Météo et Climat, a présenté les grandes tendances envisagées pour le climat de la métropole à horizon 2050. Ces projections ont pu être dégagées grâce à l’observation de données météorologiques recueillies localement depuis plus d’un siècle et modélisées par un outil de Météo France, corroborant les scenarios du GIEC. Les projections climatiques de la métropole tiennent compte d’un scénario médian d’émissions de gaz à effet de serre.
Consulter l’outil de Météo France par commune : c’est ici.
En 2050, la pluviométrie, c’est à dire la quantité de pluie tombant à l’année, devrait rester stable. En revanche, la répartition des précipitations sur l’année variera beaucoup. Fini le crachin brestois qu’on pouvait retrouver en toute saison ! Les étés seront plus secs, avec 46 jours sans pluie contre 36 aujourd’hui selon l’hypothèse médiane (probabilité estimée à 8 étés sur 10) et 70 jours dans l’hypothèse haute (1 été sur 10). Les hivers seront davantage pluvieux avec de très fortes précipitations (à caractère « tropical ») à l’automne.
Les températures devraient augmenter d’année en année, avec de plus en plus de pics de chaleur dépassant les 35°C. A ce jour, ce pic n’a été mesuré qu’une seule fois à Brest depuis le début de la météo, c’était en juillet 2022 avec 39° recensés.
2022 : année déterminante pour la gestion de l’eau
Nathalie Rey, responsable de la division Rade et Ressource et Usage de l’eau de Brest Métropole et Alexandra Uguen du Syndicat de Bassin de l’Elorn sont revenues sur la sécheresse exceptionnelle de 2022 et sur les mesures déployées pour poursuivre l’alimentation en eau du territoire.
La mobilisation des outils de l’alimentation en eau…
Tout d’abord, il est à noter que l’eau potable de la Métropole est issue à 97 % d’eau de surface, c’est à dire des rivières.
Trois usines gérées par Eau du Ponant en tant qu’opérateur de Brest Métropole, produisent de l’eau potable pour le territoire. Ces unités de production ont des contraintes et des capacités de très différentes. On retrouve l’usine de Kerleguer et l’usine du Moulin Blanc sur le territoire de la Métropole d’une part ; l’usine de Pont ar Bled à Plouedern, hors territoire métropolitain donc, d’autre part. Cette dernière fournit environ 70% de l’eau de la métropole avec une capacité maximale de 52 000 m3 par jour.
L’usine de Pont ar Bled prélève de l’eau dans l’Elorn, rivière dont le débit est soutenu par les lâchers d’eau du barrage du Drennec géré par le Syndicat de Bassin de l’Elorn, bien en amont, dans les Monts d’Arrée. Avec ces 9 millions de m3 de réserve, la retenue du Drennec permet une sécurisation assez remarquable de l’alimentation en eau du territoire. Aussi, ce soutien à l’étiage permet de préserver la ressource et d’assurer le « débit réservé » nécessaire au fonctionnement biologique de la rivière.
… à l’épreuve d’une sécheresse exceptionnelle
Sauf que.. l’année 2022 fût plus critique encore pour la Bretagne que 1976, année « record » de sécheresse jusqu’ici connue. Dès le début de l’année 2022, le niveau du lac du Drennec était particulièrement bas en raison d’un hiver sec, avec peu de pluies efficaces. Le déficit de pluie des mois suivants a conduit rapidement à des débits très faibles en rivière…
A l’atteinte du débit de crise, le Syndicat du Bassin de l’Elorn a pris l’attache des services de l’État pour obtenir l’autorisation de prélever en dépassement des volumes d’eau habituels. En parallèle, une réunion d’urgence avec les différents acteurs de l’eau de Brest Métropole, des territoires voisins et du département a été provoquée pour réfléchir à la mise en œuvre de démarche d’économies d’eau à déployer sur le territoire à moyen terme.
Quelles solutions pour économiser l’eau ?
Après cet état des lieux, les interventions ont porté sur des actions mises en œuvre par les collectivités comme Cadix, Brest Métropole, par les entreprises bretonnes et les écoles brestoises pour économiser l’eau.
Sensibiliser aux enjeux
A Cadix comme à Brest, dans les entreprises comme dans les écoles, le point de départ de la démarche est le même : sensibiliser. Expliquer d’où vient l’eau et pourquoi elle se raréfie, c’est le préalable indispensable à la prise de conscience et à l’action.
A Cadix, la ville a entrepris une grande campagne de sensibilisation à destination des habitant-e-s et des scolaires. Des vidéos sur le cycle de l’eau et sur la production locale sont largement diffusées. Aussi, la ville a élaboré une application permettant aux habitants de calculer au réel leur consommation d’eau. Passer de 150 litres d’eau consommés en moyenne par jour et par personne à moins de 100 litres : voilà le défi « Reto 100 » que la ville propose à ses citoyens de relever.
A Brest Métropole, les grands panneaux d’affichage porteront à compter d’avril des messages visant à rappeler la nécessité de préserver la ressource en limitant sa consommation et inciter à la récupération d’eau de pluie.
Adapter les mesures à chaque acteur
Particuliers, entreprises, collectivités.. tout le monde consomme de l’eau. Mais pour réduire efficacement sa consommation, un plan d’actions adapté à chaque acteur est nécessaire. Benoit Deschamps de la Chambre de Commerce et de l’Industrie (CCI) de Bretagne est venu présenter le projet ECOD’O, visant à accompagner les entreprises dans leur démarche d’économie d’eau. Initié par la CCI du Morbihan en 2019, ce dispositif a été étendu à toute la Bretagne en 2022. 70 établissements issus de l’industrie et du tourisme ont adapté leur process pour une économie moyenne de 10% de leur consommation. Une économie non négligeable compte tenu des volumes d’eau parfois très importants utilisés au total. Le conseiller en transition écologique suit actuellement 16 entreprises finistériennes dans la réalisation d’un plan d’actions adapté aux possibilités et à l’ambition de chaque structure.
Des projets autour de l’eau dans les écoles brestoises
Dans les écoles, un partenariat entre Eau du Ponant et le service éducation de la ville de Brest permet à la fois de sensibiliser les enfants aux enjeux de la raréfaction de la ressource et de les rendre acteurs du changement. A l’occasion de l’étude du cycle de l’eau, ils participent à des ateliers ludiques et projets sur l’eau. A titre d’exemple, une réflexion sur la consommation d’eau accompagnée d’écogestes à la cantine a conduit à réduire le gaspillage de 20 litres d’eau par jour dans 13 écoles. Cette action très concrète, a permis de sensibiliser 2500 enfants et 180 adultes. D’autres écoles ont participé au projet « ici commence l’océan » en élaborant des slogans près des avaloirs d’eau pluviale pour prévenir la pollution. Des élèves ont aussi initié la création d’une aire marine récréative acquérant ainsi des connaissances scientifiques et des compétences de gestion collaborative.
Face à la pression pesant sur la ressource en eau et à l’anxiété que cela peut susciter, il est important de voir que les solutions pour économiser l’eau sont multiples.
Aller plus loin dans la préservation de la ressource
Cette conférence passionnante et très interactive a révélé l’intérêt des citoyennes et citoyens sur ces enjeux cruciaux pour l’avenir.
Dans leurs prises de positions, les élu-e-s écologistes de Brest Métropole militent pour :
- la mise en place d’une politique ambitieuse d’économies d’eau. Les élu-e-s encouragent toutes les initiatives visant à réduire les consommations d’eau, tous acteurs confondus, collectivités, particuliers, entreprises, scolaires, copropriétés. Les élu-e-s votent favorablement à tous les financements de projets d’associations qui interviennent dans ce domaine.
- une gestion intégrée des eaux sur le territoire. Les élu-e-s appuient en faveur des projets d’aménagement favorisant l’infiltration naturelle de l’eau de pluie. Les élu-e-s soutiennent les démarches de déconnexion des eaux pluviales du réseau d’assainissement et les campagnes de distribution de récupérateurs d’eau de pluie. Les élu-e-s s’opposent à l’artificialisation des sols dans les projets d’urbanisme.