Un point à mi-mandat par Glen Dissaux

Interview du 13 octobre 2023

Interviewé par Le Télégramme, Glen Dissaux fait le point à mi-mandat sur les dossiers portés par la Ville de Brest et sur la place du groupe des élu-e-s écologistes au sein de la majorité municipale.

« Il ne faudrait pas que les points de désaccord se multiplient. »

A mi-mandat, les élu-e-s écologistes (EELV) de Brest jugent être plus utiles à l’intérieur qu’à l’extérieur de la majorité. Mais leur Président Glen Dissaux prévient : « Si le projet de nouveau stade rogne notre capacité à agir, nous prendrons nos responsabilités. »

Propos recueillis par Jean-Luc Padellec du Télégramme

Quel dossier entendez-vous pousser au sein de la majorité brestoise dans les mois à venir ?

Nous sommes à mi-mandat, c’est le moment où l’on regarde notre base commune qui est notre programme, sur lequel nous avons été élus en 2020. Plein de gros chantiers sont lancés, ils avancent bien, et on les soutient. Il reste des sujets où l’on estime que cela ne va pas assez vite, sur la transition ou sur la place de la nature en ville par exemple. Et puis, il y a des sujets qui sont arrivés depuis. L’important aujourd’hui c’est d’être ensemble sur les arbitrages qui comptent.

On traverse une période charnière, où la détresse sociale est partout. L’État nous met la tête sous l’eau en mettant fin à plein de dispositifs et le Département appuie fort derrière, en cassant le champ du social et de l’associatif. Aujourd’hui des structures de solidarité sont en danger. Alors certes, on n’a pas tous les leviers, mais on doit répondre à cette crise sociale. Le Crédit Municipal sera l’un des outils. Cela permettra à la ville d’avoir la main sur une épargne et d’être en capacité de prêter aux plus précaires. Il reste aussi plein de projets à mener dans les quartiers. Je pense à des aménagements sportifs à des rénovations d’écoles ou de patronages laïques.

Membres de la majorité, vous avez été en opposition frontale avec François Cuillandre sur les questions de l’aérien et du nouveau stade. Jamais deux sans trois ?

On a des points de désaccord, et il ne faudrait pas que cela se multiplie. Pour l’instant, sur le nouveau stade, le match n’est pas joué. On n’a pas les éléments financiers. Nous élu-e-s écologistes, sommes persuadé-e-s que l’on arrivera avec un projet très majoritairement fiancé par de l’argent public. Je ne reviens pas sur la question écologique. Mais dans la période sociale actuelle, mettre autant d’argent public dans ce projet, c’est absolument aberrant. Et si cela se vérifie, le moment venu, nous devrons prendre nos responsabilités.

Jusqu’à quitter la majorité ?

Derrière ce projet de stade se joue notre capacité à faire sur d’autres sujets qui nous tiennent à cœur pour l’écologie et la justice sociale. Si nous constatons à un moment qu’il y a un point de blocage indépassable, oui nous réinterrogerons notre appartenance à la majorité. Mais on n’en est pas encore là. Jusqu’ici on estime qu’on est plus efficaces à l’intérieur qu’à l’extérieur, car on arrive à faire bouger les lignes, sur la piétonnisation, la place de la voiture en ville sur l’urbanisme ou l’aménagement du territoire.

L’unité de la NUPES se désagrège au plan national, après l’attaque du Hamas contre Israël. Vous pourriez encore vous allier avec la France Insoumise locale sur des combats électoraux futurs ?

C’était déjà compliqué avant de faire tenir cette alliance, donc on n’avait pas besoin de ça. Il y a une attaque terroriste ignoble sur les populations civiles israéliennes. La première étape, c’est de condamner et d’exprimer sa compassion. Et de parler de paix surtout, au lieu d’en faire une affaire nationale. Ce n’est pas un hasard si sur les élections européennes on est partis sans LFI. On a trop de différences de vues sur la politique étrangère et la façon de voir l’Europe. La politique locale, c’est autre chose, donc on verra, mais ces différences sont à prendre en compte.

Il y a déjà deux candidats à votre droite pour les municipales de 2026 à Brest. La gauche peut-elle rester longtemps attentiste ?

Je suis un peu étonné du calendrier des annonces. D’un côté, il y a un député qui a certainement beaucoup de travail, de l’autre on a le premier Vice Président de la Métropole qui dit réfléchir à un projet métropolitain. J’ai envie de lui dire ça tombe bien : sa délégation est de porter les grands projets métropolitains ! Chacun fait ce qu’il veut, mais on est à mi-mandat. Ce calendrier n’est pas le nôtre. On a tellement de dossiers urgents à mener.

François Cuillandre avait dit que ce serait son dernier mandat. Or, récemment, face à la presse, il a réintroduit un flou. Comment l’interpréter ?

Je pense qu’il attend de voir où l’on en est sur la réalisation de tous les projets communs que l’on a. Pour nous, savoir qui sera candidat n’est absolument pas d’actualité.

Un attelage avec le PS reste-t-il possible en 2026 ?

On l’espère. L’enjeu sera de pouvoir discuter de façon sincère avec tous les partis de gauche, sans s’invectiver. Si l’on respecte nos partenaires politiques, si on les intègre à nos décisions, alors on pourra continuer à faire des choses ensemble. À un moment, il faudra des discussions internes au sein de la majorité, mais d’abord centrées sur le projet. Rien ne presse, mais je pense que cette réflexion devra intervenir plus tôt qu’en 2020.

Vous comptez sur les Européennes pour prendre le leadership à gauche ?

Ce sera un bon baromètre. On constate qu’il y a une recomposition dans les équilibres des forces de gauche. Donc, ce résultat sera à intégrer. Et il faudra aussi tenir compte de l’évolution des mentalités sur des questions essentielles comme celles de l’écologie et de la justice sociale.