Le 25 janvier 2024, le Service Intégré d’Accueil et d’Orientation du Finistère (SIAO29) organisait un temps d’échanges sur le service d’hébergement d’urgence du 115 à La PAM.
Retour sur l’activité et les problématiques rencontrées par ce service crucial de l’action sociale.
L’hébergement d’urgence : un service crucial parfois méconnu
Le 115, c’est le numéro permettant aux personnes sans abri ou victimes de violences intrafamiliales de trouver un hébergement en urgence selon les règles fixées par l’État. Au bout du fil, 7 personnes « écoutantes » de la plateforme du Service Intégré d’Accueil et d’Orientation pour le Finistère (SIAO29) entendent les besoins exprimés et orientent les personnes vers les acteurs locaux compétents. Il s’agit principalement des associations de solidarité gestionnaires d’hébergements d’urgence et des CCAS.
Le SIAO 29, association financée par l’État, assure pour le compte de ce dernier la coordination de la mise à l’abri, notamment en vue de fluidifier les parcours : de la mise à l’abri à l’hôtel vers ces hébergements proposant également un accompagnement social, autant que possible.
C’est une activité souvent méconnue du grand public et pourtant indispensable à la solidarité en Finistère !
Une hausse significative des demandes d’hébergement
C’est le bilan de l’Observatoire du 115 dans le Finistère : en 2023, 18 144 demandes d’hébergement d’urgence ont été faites au 115, contre 14 302 en 2022 (+ 26.8%). L’équipe de la plateforme d’écoute et d’orientation a reçu, en 2023, 19 987 appels au 115.
Il est à noter que le nombre de places attribuées par l’État en structure d’hébergement d’urgence a augmenté ces dernières années. Il passe de 266 places en 2022 à 335 en 2023. A titre d’exemple, 25 nouvelles places d’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violences sont créées entre 2023 et 2024, marquant la forte attention à la vulnérabilité de ce public.
Le Plan Grand Froid, activé dans le Finistère début janvier, a été un levier de déclenchement de places supplémentaires (a minima 12 prévues par le protocole).
Des difficultés pour y répondre
Chaque année, des demandes de mise à l’abri restent néanmoins non pourvues, faute de place, dont 65% concernent des personnes isolées.
En effet, malgré l’effort croissant pour l’hébergement d’urgence en structures et le renforcement de dispositifs alternatifs aux nuitées d’hôtel, la mise à l’abri à l’hôtel reste un facteur d’ajustement important face aux besoins. Le service du 115 est donc en partie dépendant de l’accord ou non des hôtels, ce qui est un facteur de fragilité.
En 2022, près d’un quart des nuitées étaient réalisées à l’hôtel. En 2023, la moyenne de personnes mises à l’abri à l’hôtel en Finistère a été de 143 personnes par nuit (105 en 2022) dont près d’un tiers pour des hébergés de moins de 18 ans.
L’inconditionnalité de l’hébergement d’urgence au cœur de l’actualité
Coïncidence de calendrier, en cours d’échanges, les participantes et participants apprenaient avec soulagement la décision du conseil constitutionnel de retirer une bonne partie des dispositions de la loi dite « immigration » qui menaçait notamment l’inconditionnalité de l’hébergement d’urgence.
En effet, le droit à l’hébergement d’urgence ne reconnaissait jusqu’ici que la notion de vulnérabilité. L’article L 345-2-2 du Code de l’Action sociale et des familles disposait ainsi que :
« Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence. »
En ajoutant un critère de situation administrative, la loi immigration adoptée à l’assemblée nationale ne permettait plus de garantir le droit à l’hébergement pour les personnes en situation irrégulière, y compris les enfants, en contradiction avec les engagements internationaux pris par la France pour le respect de leurs droits fondamentaux.
Une bonne nouvelle donc pour clôturer ce partage d’expériences autour du service du 115. A relativiser néanmoins, car ces dispositions pourraient réapparaître dans un autre projet de loi…
Le SIAO 29 ainsi que les différentes structures d’accueil et associations de solidarité restent vigilants à l’évolution de la situation de l’hébergement d’urgence dans ce contexte tendu.