Mardi 20 février Bénédicte Bonzi donnait une conférence à la faculté de lettres Victor Segalen, à Brest, sur le sujet de l’accessibilité pour toutes et tous à une alimentation de qualité. Un événement co-organisé par le projet alimentaire de Brest Métropole, le CCAS de la Ville de Brest et l’association Épicerie solidaire en réseau.
Bénédicte Bonzi, chercheuse en anthropologie à l’EHESS, est l’autrice de l’ouvrage La France qui a faim, où elle présente les résultats de sa thèse menée sur le terrain au sein des Restos du Cœur, au fil des maraudes, au long des rencontres avec les bénévoles et les bénéficiaires.
Repenser les systèmes agricole et alimentaire
Selon Bénédicte Bonzi, l’aide alimentaire en France fait partie intégrante du système alimentaire global et est donc directement liée à la question et aux problématiques agricoles. Elle propose de repenser l’ensemble du système pour apporter à la fois une juste rémunération aux paysans et producteurs tout en permettant à tout le monde d’accéder à une nourriture de qualité et en quantité suffisante.
L’alimentation est devenue la variable d’ajustement dans le budget des ménages. Les budgets étant de plus en plus serrés, l’aide alimentaire devient indispensable pour nombre d’entre eux. Aujourd’hui des millions de personnes, en France, n’ont, comme seul recours pour se nourrir, que l’aide alimentaire. Bénédicte Bonzi soulève ce scandale et dénonce un problème dans le système global de l’alimentation en France.
Vers une sécurité sociale alimentaire
Face à ce constat du désastre de la politique alimentaire actuelle, nait l’idée d’une sécurité sociale de l’alimentation, comme projet politique fort qui ne détruise pas la terre, qui nourrisse les hommes et permette de sortir l’alimentation du marché. S’inspirant de la sécurité sociale, Bénédicte Bonzi explique qu’elle pourrait fonctionner sur la base de cotisations et de conventionnements pour permettre à toutes et tous de manger correctement. Ce n’est pas une politique pour les pauvres, c’est reprendre nos terres, changer nos paysages, installer des milliers de paysans… Enfin, elle souligne que ce projet serait un vrai virage, un moment historique de croisement des résistances entre luttes paysannes et aide alimentaire. Elle défend un autre projet de société, digne et respectueux des uns et des autres, co-construit de manière démocratique.
Retrouvez ici une interview sur Fréquence Mutine de Bénedicte Bonzi juste avant sa conférence.