Gaëlle Morvan est ajointe au quartier de Saint-Marc et à la lutte contre les violences sexistes et le harcèlement de rue à Brest. Lors des propos liminaires du conseil municipal du 6 février 2024, elle a souhaité revenir sur le dernier discours d’Emmanuel Macron et son « réarmement démographique ».
« Monsieur Le Maire, cher-e-s collègues,
Comment ne pas revenir sur les propos d’Emmanuel Macron et l’utilisation du terme “réarmement démographique”. Ses propos ont choqué sur la forme et sur le fond.
Un vocabulaire guerrier pour enjoindre à la procréation..
Dans le contexte géopolitique que nous vivons, réarmer n’est pas un mot anodin. Cette injonction nataliste a aussi été vécue comme une remise en cause de la liberté fondamentale qu’est le droit de disposer de son corps. Cette injonction a fait légitimement bondir les associations féministes et oblige à rappeler qu’avoir ou non un enfant relève de la sphère strictement personnelle et intime.
Pour reprendre les mots d’Isabelle Cambourakis, éditrice féministe : le concept de « réarmement démographique » incarne tout ce à quoi s’opposaient les groupes féministes pacifistes des années 80 : la culture toxique masculiniste, la virilité guerrière, le contrôle du corps des femmes.
Une annonce, des actions à contresens…
Le Président annonce un plan de lutte contre l’infertilité. Rappelons que l’infertilité peut être liée à l’individu ou à des facteurs environnementaux. On sait aujourd’hui que l’exposition aux perturbateurs endocriniens, aux pesticides et aux polluants organiques persistants ont un impact avéré sur la fertilité humaine.
A ce moment de ma prise de parole, petit rappel des dates : l’annonce du plan de lutte contre l’infertilité a eu lieu le 16 janvier 2024, et le 2 février : annonce de la mise en pause du plan éco-phyto qui avait pour objectif de réduire l’usage des pesticides de 50% d’ici 2030. Ce plan aurait été pourtant une action efficace et très concrète pour la réduction des facteurs de l’infertilité, en plus d’être une mesure nécessaire du point de vue de la santé et de l’environnement en général.
Des annonces sans moyens
Le plan de lutte contre l’infertilité propose la réalisation de bilans de santé gratuits en fonction de l’âge. Ce gouvernement va-t-il enfin s’occuper de l’hôpital public et de notre système de santé à sa juste valeur ? Des moyens supplémentaires vont-ils être vraiment débloqués ?
Chaque jour un nouveau cap, à chaque scandale son annonce. Je rappelle que ce mandat avait débuté par la lutte contre les violences sexistes et sexuelles comme grande cause nationale. Il y a deux ans, éclatait le scandale sur la gestion des EHPAD. Le gouvernement a fait la promesse d’une loi sur le grand âge. Depuis, aucune loi, ni aucun moyen supplémentaire aux structures d’accueil de personnes âgées n’ont vu le jour.
Quel monde pour demain ?
On nous parle de faire plus d’enfants, mais dans quelle société vont-ils grandir ? Aurons-nous plus de moyens pour les faire garder, pour la protection de l’enfance, pour l’éducation, pour le logement ?
A Brest, l’éducation représente le premier budget de la ville par habitant-e-, nous donnons ainsi un message clair et des moyens à nos priorités : “Grandir à Brest” accompagne les enfants et jeunes adultes de 0 à 30 ans dans leur développement, leur bien-être pour qu’ils et elles deviennent des adultes et des citoyens et citoyennes épanoui-e-s. Je salue d’ailleurs ici mes collègues en charge de cette thématique qui nous concerne toutes et tous.
Au Président Macron, nous posons donc la question suivante : faut-il vraiment réarmer la France ou plutôt prendre soin de notre monde pour qu’il soit vivable demain ?