Tribune parue dans le journal le Télégramme, le jeudi 18 avril 2024.
Glen Dissaux prend la défense de la loi climat et résilience et du Zéro artificialisation nette.
« On lit beaucoup d’arguments fallacieux, ces derniers temps, visant à déconstruire la loi climat et résilience et l’objectif de Zéro artificialisation nette (ZAN). Certains s’obstinent dans le « business as usual » : cette incapacité totale à se remettre en cause et à changer de modèle d’aménagement du territoire est très problématique. Sont-ils à ce point ignorants de l’effondrement de la biodiversité et des catastrophes climatiques qui touchent nos concitoyens ?
Tous les scientifiques nous invitent à la sobriété foncière et nous disent qu’il est absolument nécessaire de préserver les terres naturelles et agricoles pour préserver notre qualité de vie.
Il faut, par conséquent, nous adapter et sortir des vieilles postures pour être innovants : raisonner en termes d’usage, de fonctionnalité, de sobriété, de déplacements, de partage. Personne ne souhaite empêcher les classes moyennes d’accéder à la propriété, évidemment, mais le modèle du lotissement ne peut pas être la bonne réponse au défi climatique et il nous faut loger les gens, les plus précaires en particulier, tout en n’obscurcissant pas notre futur commun.
« Réussir le ZAN tout en réduisant le mal-logement, c’est possible« , comme l’écrit la Fondation Abbé Pierre !
À rebours des discours qui opposent ambitions écologiques et justice sociale, son rapport souligne que l’objectif du ZAN offre l’occasion de créer 400 000 nouveaux logements par an, pendant dix ans, alors qu’il ne reste qu’environ 100 000 hectares disponibles à la construction d’ici à 2031.
Quelques pistes : mieux utiliser le bâti existant en résorbant la vacance des logements et des bureaux, réguler les résidences secondaires et les meublés de tourisme pour renforcer l’offre de biens à l’année, cibler la multipropriété, encadrer les loyers pour toutes les communes tendues, lutter contre la rétention foncière. S’appuyer sur le renouvellement urbain et le recyclage des friches.
Autre exemple : 85% des plus de 65 ans sont en situation de sous-occupation de leurs logements. Face au double défi du vieillissement de la population et de la lutte contre l’artificialisation des sols, la question du parcours résidentiel et de l’offre de logements pour les seniors devient l’une des clés de la transition écologique et sociale.
Enfin : renforcer l’offre du logement social – et donc défendre la loi SRU que tente de détricoter le gouvernement – est aussi une réponse car il est peu consommateur d’espaces.
Certains gagneraient à se mobiliser plus fortement pour défendre la capacité financière des bailleurs sociaux à construire davantage de logements sociaux, de qualité et bien isolés !