Le 8 mars, c’était la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Cette année encore, un appel à la grève féministe et à manifestation ont été lancés à Brest pour dénoncer l’inégalité entre les sexes. Mais concrètement, en 2024, la réalité du sexisme, c’est quoi ? Attardons-nous un instant sur le rapport annuel de l’observatoire du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes sur l’état des lieux du sexisme en France. Sans surprise, le rapport préconise de s’attaquer aux racines du sexisme de toute urgence.
Les constats
Les chiffres du rapport pour 2023 étaient déjà alarmants. En 2024, on assiste malheureusement à une progression, à un ancrage du sexisme, loin du recul espéré.
Premier point, les Français·es ont du mal à se détacher des stéréotypes associés à leur genre. En effet, on observe chez les hommes une adhésion toujours plus forte aux stéréotypes masculinistes et chez les femmes une injonction importante à la féminité.
De plus, à contre-courant des enjeux des luttes féministes et des politiques publiques pour l’émancipation des femmes, on constate une réassignation des femmes à la sphère strictement domestique et un renforcement des pensées masculinistes. La déclaration d’Emmanuel Macron sur le « réarmement démographique » avait d’ailleurs attiré l’attention de Gaëlle Morvan en ce sens.
Concernant les violences sexistes et sexuelles, elles ne reculent pas. 37% des femmes déclarent toujours avoir vécu une situation de non-consentement. Ce chiffre grimpe à plus de 50% chez les 25-34 ans.
Chez les hommes, les réflexes masculinistes persévèrent : un quart des 25-34 ans pense qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter.
Le terreau du sexisme
Dans son rapport 2024, le Haut Conseil à l’Égalité s’est attaché à révéler les « incubateurs du sexisme », à savoir la famille, l’école et les contenus numériques. Le but ? montrer qu’il existe une véritable « éducation » au sexisme.
Ainsi, le rapport identifie les éléments fondateurs du sexisme suivant :
A la maison :
- la reproduction sociale de schémas genrés traditionnels
- l’industrie sexiste du jouet
- la répartition inégale de tâches domestiques entre les enfants. Deux tiers des femmes estiment avoir été éduquées différemment
A l’école :
- les biais sexistes de l’école : attribution de parole en classe, partage de l’espace en récréation, normalisation de l’incivilité et de la violence endémique des garçons à l’égard des filles
- les inégalités se perpétuent : traitement différencié par le corps enseignant des élèves, représentation d’une domination masculine dans les manuels scolaires, orientations scolaires genrées, carence de l’éducation à l’égalité. 75% des femmes affirment ne pas être traitées à égalité.
Les contenus numériques :
- la répartition des rôles : 82% des personnages principaux de dessins animés jeunesse sont masculins, 75% des personnages féminins occupent une fonction maternelle et un rôle d’assistance et de protection.
- la sous-représentation des femmes dans les films et séries encore importante, mais qui se résorbe doucement,
- l’intensité des violences sexistes et sexuelles et des stéréotypes sur les internets ancrent une culture sexiste. Les vidéos pornographiques diffusent des contenus misogynes d’une rare violence que 64% des hommes de 25-34 ans disent imiter dans leurs relations sexuelles.
S’attaquer aux racines du sexisme
De toute évidence, il est urgent d’agir. De la petite enfance jusqu’à l’âge adulte, dans tous les aspects de la vie privée et familiale comme publique. Aussi, une réelle prise de conscience collective à tous ces niveaux est nécessaire pour stopper le sexisme qui se renforce, malgré une libération de la parole sur le problème.
Des attentes très fortes s’expriment à l’égard des pouvoirs publics pour une prise en charge de la prévention et la lutte contre le sexisme. 84 % de la population estiment qu’elle doit être prioritaire, d’autant plus que le sentiment d’impunité des actes et propos sexistes reste à un niveau très élevé (75 %).
Ainsi, l’urgence, face à l’ampleur de la problématique, est de mettre en place une action publique forte, continue et globale contre ce qui n’est pas une fatalité mais une construction sociale.
Par ailleurs, on retrouve dans le détail des recommandations du rapport, le besoin d’augmenter les moyens financiers et humains de la justice pour mieux accompagner les femmes victimes de violences, tout au long de la chaîne judiciaire. Aussi, il est urgent de diffuser une culture de la crédibilité des victimes, à l’instar des réformes espagnoles. La Fondation des Femmes estime à environ 3 milliards d’euros le budget nécessaire pour répondre à ces besoins.
Tous les ans, les élu-e-s écologistes suivent de près la parution de ce baromètre du sexisme en France. Les élu-e-s expriment de longue date leur soutien aux mesures préconisées par les institutions défendant les droits des femmes et de la lutte contre le sexisme.