Glen Dissaux – Propos liminaire

En début de Conseil Municipal le 15 octobre 2024, Glen Dissaux a dénoncé l’injustice et l’incohérence du projet de loi de finance pour 2025.

Retrouvez l’intégralité de son intervention :

 » Monsieur le Maire, cher-e-s collègues,

Les communes seront donc elles aussi victimes, comme l’ensemble des françaises et des français, de ce budget austéritaire du gouvernement Barnier, qui acte le dérapage incontrôlé des comptes de l’État, et arrive à la suite de 7 ans d’une gestion budgétaire calamiteuse.

Le déficit public devrait s’établir en 2024 à 6,1 % du PIB, contre les 4,4 % prévus initialement. Et la dette à 3 228 milliards d’euros, ça fait 112 % du PIB, au lieu des 60 % maximum prévus par les règles européennes.

Pour faire face à la dette abyssale de la France, pas de remise en cause de la politique de l’offre et de l’injustice fiscale, non, mais des coupes à tous les étages au risque de déstabiliser sérieusement l’économie nationale.

Le gouvernement a finalement renoncé à augmenter les budgets de l’Élysée, du Sénat de de l’Assemblée. Voilà un minimum de reste de sens commun… Le projet de hausse était peut-être anecdotique, mais l’image n’était pas très belle vous en conviendrez…

La forte hausse du budget, c’est 50 milliards en plus pour la défense, mais c’est dans la droite ligne de la loi de programmation militaire de l’an dernier qui attribuait 413 milliards d’euros pour la période 2024-2030.

En tout, 60 milliards d’euros d’économies sont prévus en 2025, principalement des baisses de dépenses publiques, au lieu de taxer les quelques ultras riches qui s’enrichissent comme jamais sous la mandature d’E. Macron :

La richesse des 500 plus grandes fortunes de France a doublé passant à 1 200 milliards d’euros (plus du tiers de la dette nationale hein, si on cherche de l’argent). Du « jamais vu », même pour le magazine Challenges qui rapporte cette information. Les dividendes et rachats d’actions ont fait x4 en 4 ans. 128 milliards d’euros redistribués par les géants européens de la finance en 2024.

Alors, une petite lueur d’espoir, modeste mais quand même. On verra à qui s’appliquera, et pour quel montant comptera, la hausse d’impôt annoncée pour certains des plus aisés.

Dans le même temps, les françaises et français vont souffrir de la casse de la sécurité sociale, la hausse du ticket modérateur notamment, des 4000 emplois en moins dans les écoles, de la destruction continue des services publics, de la santé, de la police, etc.., du manque d’ambition générale de cohésion sociale de notre pays.

Le gouvernement rabote les derniers remparts à la crise environnementale et sociale. Bien entendu, auprès des collectivités également. 5 milliards d’efforts pour compenser les politiques de défiscalisation et de cadeaux fiscaux. Le montant estimé de la ponction imposée à Brest ville métropole sur le budget 2025 au titre du mécanisme de précaution, cela sera a priori près de 15 millions.

Quelques grandes lignes concernant les collectivités :

– Le Fonds vert serait diminué de 60%

– Un prélèvement de 2% sur la fiscalité perçue pour 450 grandes collectivités
– Une remise en cause des engagements pris sur le reversement d’une fraction de la TVA, qui serait écrêtée, soit une perte de 1,2 Milliards

– La hausse des charges sur le régime de retraite des fonctionnaires, ça pourrait là aussi représenter 1,2Md€ par an jusqu’en 2030.

– Baisse évidemment de la Dotation générale de fonctionnement : Elle pourrait ne pas être revalorisée donc en réalité, diminuée de 3 milliards d’euros.

C’est absolument injuste et surtout contre-productif car tout le monde le dit, d’une part la dette des collectivités pèse très peu dans la dette globale et surtout c’est au plus proche des citoyens que se trouvent les solutions ; il va falloir pour chaque collectivité faire des choix drastiques.

Je vais juste insister 2 minutes sur l’écologie pour finir.
Vous avez peut-être vu passer ce nouveau rapport du WWF : 73% des espèces de vertébrés sauvages ont disparues en seulement 50 ans.

Le vivant est en train de disparaître à une vitesse vertigineuse. Dans la vie politique on dirait que c’est anecdotique, on n’en parle pas ; ça devrait nous obséder en fait, les conséquences sont absolument terrifiantes. On ne se rend pas compte qu’on est en train d’annihiler les conditions d’existence de notre espèce sur terre. A un moment, on parle juste de l’habitabilité de notre planète.

Et dans ce budget, en termes environnemental, alors on n’était déjà pas très haut, parce que derrière la com, c’était déjà des faibles ambitions et des restrictions budgétaires. Mais là, ça coupe encore, et toujours en prétendant l’inverse : le budget global du ministère de la Transition écologique augmente (de 2,8 milliards) avec la hausse mécanique, due aux tarifs de l’énergie, du soutien aux énergies renouvelables.

On commence à bien comprendre le « en même temps » Macroniste. « Poursuivre la transition écologique tout en opérant un recalibrage des aides » a dit Barnier, donc ça veut dire : On savate !

– Première victime : Ma prime renov : – 1 milliard pour les aides à la rénovation thermique des bâtiments – je rappelle qu’on compte 5 millions de passoires thermiques en France : impact climatique mais aussi de confort, de pouvoir d’achat avec des factures d’énergie élevées, en termes de santé etc.

– Baisse du fonds vert évoqué tout à l’heure : -1,5 milliards, le pire des signaux. Le fonds vert est exclusivement destiné à financer la transition écologique des collectivités. Il était vanté par l’exécutif comme l’outil principal pour accélérer les projets vertueux et locaux.

Juste un petit rappel : on ne parle jamais du coût de l’inaction climatique. Sauf que si on n’investit pas aujourd’hui par exemple, pour prévenir la montée des océans et l’érosion du trait de côte, ça nous coûtera, si on ne fait rien, 10 fois, 50 fois, plus cher pour les finances publiques dans quelques années.

– La troisième « aide écologique » touchée par les coupes concerne les primes à l’achat de véhicules électriques : -500 Millions

Ces exemples budgétaires illustrent à nouveau la faible ambition écologique du gouvernement, mais aussi la faible ambition tout court, qui nous envoie droit dans le mur.

Tant qu’on ne récupérera pas une fiscalité locale autonome et une augmentation des capacités d’investissements dans la transition, on ne sera pas à la hauteur des défis sociaux et écologiques : on estime à 12 milliards d’euros par an les investissements climat qui sont nécessaires à l’adaptation en France, donc on en est loin et on le paiera.

Et par ailleurs, l’État est bien malvenu de se défausser sur les collectivités locales. Nous votons nous chaque année un budget à l’équilibre, à la différence de celui de l’État. »

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