Le 20 novembre 2024, Marion Maury, adjointe à l’Action Sociale à la Ville de Brest, était invitée aux côtés du Secours Populaire, sur le plateau de Bonjour Bretagne sur Tébeo pour parler de grande précarité.
Peut-on quantifier le nombre de personnes sans-abri à Brest ?
En 2022, une première Nuit de la Solidarité avait été organisée par la Ville de Brest. Cette opération avait permis d’approcher 22 personnes en situation de sans-abrisme. Avec les retours de formulaires dans les lieux d’accueil, il avait été estimé à 500 le nombre de personnes sans domicile.
Marion Maury précise que les chiffres de la seconde édition de la Nuit de la Solidarité du 3 octobre dernier ne sont pas encore consolidés. En revanche, lors de cette dernière édition, 38 personnes ont été rencontrées, ce qui est un chiffre en augmentation par rapport à 2022. Marion Maury ajoute que pour la première fois, des femmes ont été rencontrées par les bénévoles participant à l’opération.
Est-ce que les possibilités d’accueil sont suffisantes quand la température descend ?
La ville se tient prête en cas de déclenchement du plan « Grand froid » par le préfet. La Ville reconduira si besoin le dispositif d’ouverture de gymnase, afin que toute personne soit mise à l’abri. Il est aussi prévu dans ce cadre d’augmenter les horaires d’ouverture des lieux d’accueil de jour et d’intensifier les maraudes.
La précarité s’étend à de nouveaux publics
Thierry Cloatre du Secours Populaire, observe également une que de nouveaux types de bénéficiaires sollicitent l’association. Des étudiant-e-s, des retraité-e-s, des travailleur-se-s, qui étaient peu représentés jusqu’ici viennent désormais chercher de l’aide alimentaire notamment. Ces profils s’ajoutent à ceux déjà représentés : personnes en grande précarité, bénéficiaires de minimas sociaux, chômeur-se-s, familles monoparentales.
Cet été des personnes sans abri de Paris ont été conduites ici. Est-ce que ces personnes ont pu être bien accueillies par la ville ?
Beaucoup de ces personnes sont reparties en réalité, affirme Marion Maury. Elles avaient été déplacées, mais elles avaient leur ville, leurs repères et donc beaucoup sont reparties. Cette politique n’était pas réellement destinée à développer des liens sur place avec ces personnes. Ce n’est pas ça qui explique la hausse des besoins sociaux sur le territoire.
Une politique stigmatisante peut aggraver la pauvreté
On constate une forte augmentation des besoins sociaux depuis 2021. Il faut mettre en valeur d’autres facteurs. Notamment, le fait qu’il est plus difficile aujourd’hui d’être indemnisé au chômage. Il y a une réforme qui a durci les critères et qui est préjudiciable aux travailleur-se-s précaires qui ont des contrats courts.
Les besoins sociaux en effet explosent, le Secours Populaire le constate au premier plan. Il y a aussi à souligner que dans ce contexte, on entend un certain discours qui stigmatise les personnes en situation de pauvreté, qui rajoute une couche à leur situation d’humiliation en les soupçonnant de ne pas se mobiliser davantage de ne pas s’activer, d’être pauvre parce qu’ils le veulent bien, de vivre d’assistanat.. je pense qu’il faut récuser réellement ce discours.
Marion Maury observe que ce discours stigmatisant, cette politique de défiance envers les personnes bénéficiant de minimas sociaux peut aussi aggraver très concrètement leur situation.
A l’été, des personnes sont venues avec des lettres annonçant la suspension de leur RSA le temps que le contrôle s’opère, avec parfois 50 ou 60 flux financiers de 20 à 30 € qui ont eu lieu il y a plusieurs années et qu’ils doivent justifier. Ils ont même dû payer des relevés bancaires qui n’étaient plus en ligne auprès de leur banque pour le faire. Je pense qu’il faut être très vigilant à cette tendance aujourd’hui de stigmatisation.
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