Lors du Conseil de Métropole du 23 mai 2025, Glen Dissaux a exposé les raisons de l’abstention du groupe Les Écologistes sur le Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) du Pays de Brest.
« Monsieur le Président, Cher-e-s collègues,
Il y a eu beaucoup de travail pour aboutir à ce SCOT, bravo et merci à celles et ceux qui y ont contribué. C’est un document structurant, et qui pose quelques très belles intentions :
Valoriser et développer les éléments qui font que le Pays de Brest rayonne sur tout l’ouest breton, et au-delà.
Maintenir un cadre de vie de qualité et attractif, et répondre aux enjeux des évolutions démographiques, climatiques, énergétiques.
C’est très positif.
Mais il y aussi eu beaucoup d’énergie dépensée par certains EPCI pour essayer de tirer la couverture à eux.
Une bataille sur le compte foncier
Le nerf de la guerre c’est le nombre d’hectares, par EPCI, qu’on va pouvoir artificialiser.
Ces discussions autour du compte foncier auraient pu être des moments de prise de conscience collective des enjeux climatiques et de biodiversité, pour repenser nos façons d’aménager le territoire et d’accueillir entreprises et habitants,dans une dynamique de coopération territoriale renforcée. On voit bien que c’est difficile.
Heureusement que la loi existe pour nous poser un cadre absolument nécessaire de sobriété foncière. On peut être plus critique sur la méthode, mais c’est comme ça.
Bien sûr, les contraintes sont fortes, le consensus très difficile à trouver, en témoignent les nombreuses réunions et les votes de certaines communes du pays de Brest. Je ne reproche rien aux élus qui ont exprimé des avis très différents et très différemment justifiés, qui font en leur âme et conscience ce qu’ils et elles pensent le meilleur pour leur territoire.
Mais force est de constater que ça a souvent tourné en une bataille pour justifier de pourquoi chaque territoire mériterait de grignoter plus de terres et plus rapidement que les autres. Cette concurrence territoriale au sein du pays de Brest est dommageable, car c’est une échelle de travail tellement pertinente en terme de bassin d’emploi, d’habitat et de mobilité. Je sais que nous en sommes toutes et tous convaincus.
Le projet d’aménagement stratégique du SCOT, c’est un projet politique.
Selon le code de l’urbanisme, « il définit les objectifs de développement et d’aménagement du territoire à un horizon de 20 ans sur la base d’une synthèse du diagnostic territorial et des enjeux qui s’en dégagent ». Il y a des avancées, le plus souvent pour répondre aux prescriptions réglementaires, en matière de réduction de l’artificialisation des terres (loi climat et résilience), la prise en compte du risque de submersion marine et inondations, le volet spécifique à la préservation de ressource en eau, etc..
Nous saluons ces avancées, mais c’est loin d’être suffisant au regard des vulnérabilités du territoire. On se projette là en 2046. La préservation des sols, de l’environnement, des ressources, sera la priorité absolue, et pas, ce qu’on peut lire p15 « le renforcement des performances économiques est considéré comme le principal objectif du SCoT ».
Non. Tout comme l’appel au développement des lignes aériennes pour rayonner et attirer à l’échelle nationale – et on se rappelle du fiasco de Céleste – nous parait un peu léger pour poser l’ambition d’un territoire résilient, robuste, autonome, durable, souverain en énergie et en alimentation, avec des emplois non délocalisables et une mobilité repensée.
5 réserves proposées dans la délibération
Nous aurions proposé d’autres formulations, d’autres nuances et d’autres points certainement. Nous ne partageons pas la première qui réclame simplement de pouvoir consommer plus. Parce qu’on impulse une tendance à la baisse de la consommation foncière, et c’est très bien, mais on est loin de proposer un cadre politique à la hauteur des défis, qui ouvrirait à des solutions innovantes et vertueuses de développement.
Vous connaissez sûrement le jour du dépassement. C’est le jour qui marque le moment où la demande en ressources dépasse ce que la planète peut régénérer en un an : terres agricoles, forêts, zones de pêche, eau douce, etc. En France, c’était il y a un mois, le 19 avril dernier. Tous les ans c’est un peu plus tôt. Depuis, on vit donc à crédit écologique. Et à il va falloir l’intégrer, le plus tôt sera le mieux. Nous nous abstiendrons donc. »
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