Glen Dissaux – Propos Liminaire

En liminaire du Conseil de Métropole du 27 juin 2025, Glen Dissaux a rappelé les prévisions d’évolution du climat breton au sein d’une France à +4°C. Il n’a pas manqué de souligner l’incohérence du législateur face au changement climatique dont chacun-e perçoit les effets aujourd’hui. Il invite le conseil de métropole à maintenir les objectifs de transitions pour le territoire.

« Monsieur le Président, Cher-e-s collègues,

La France évalue la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique, la TRACC, et les dernières prévisions, c’est qu’on aura une France à +4 degrés en 2100. Une température moyenne de 4 degrés supérieure à celle de la surface de la terre à l’ère pré-industrielle, et ce du fait des activités humaines qui émettent des gaz à effet de serre. On est loin désormais de l’accord de Paris de 2015 et des 1,5 degrés. Ça va très vite.

L’Observatoire de l’Environnement en Bretagne (OEB) vient de publier l’édition 2025 des « Chiffres clés de l’évolution du climat en Bretagne », qui dresse un état des lieux de l’évolution du climat, des extrêmes et des aléas climatiques.

Je vous donne juste quelques éléments d’aperçu :

Les années très chaudes, comme 2022, deviendront des années anormalement fraîches.

Les vagues de chaleur similaires à 2003, la canicule qui a provoqué 15 000 morts, surviendront en moyenne tous les trois ans.

La montée du niveau de la mer, entre 40 et 70cm minimum a priori, aggravera les impacts des tempêtes, avec 10 à 100 fois plus de submersions marines sur les zones habitées.

L’eau de mer continue de s’acidifier et de se réchauffer ce qui provoque des ravages sur la biodiversité marine et donc sur la ressource halieutique.

Le climat breton deviendra de plus en plus contrasté, alternant excès et pénuries d’eau. Plus de pluies en hiver donc plus d’inondations, intensification des pluies extrêmes (jusqu’à + 44 %, faudra pouvoir canaliser ça).

Et en été, ça veut dire une baisse des précipitations (- 26 %), et donc une hausse sévère de la fréquence, de la durée et de l’intensité des sécheresses des sols, des nappes et des cours d’eau. On est déjà en alerte dans le Finistère. Les sécheresses des sols seront 1 mois plus longues et 47 % plus intenses. Celle connue en 2022 pourra être la norme. Les débits des cours d’eau en fin d’été vont diminuer de 37 %. Les incendies pourraient s’intensifier avec + 25 jours/an de conditions favorables aux feux de forêt. Et je parle bien de la Bretagne.

Ce sont des chiffres qui font un peu peur, je le reconnais mais qui ne laissent plus de place au doute. Le climat breton aussi change vite et change fort. Cela doit éclairer les décideurs les collectivités les acteurs économiques et les citoyens sur l’ampleur des transformations à venir. Chacune et chacun doit prendre conscience de son rôle dans ce défi qui nous concerne toutes et tous.

L’enjeu évidemment c’est d’agir collectivement pour anticiper, pour s’adapter, pour atténuer les effets du changement climatique. Ça, c’est la réaction normale, la réaction rationnelle.

Mais dans le même temps, on a un recul assez inédit et catastrophique sur le climat en France. A l’Assemblée Nationale, l’écologie est assiégée notamment par les républicains et le Rassemblement National, souvent d’ailleurs avec la complicité du bloc central.

Ce matin, il y a 37 ONG qui ont recensé juste depuis le début d’année, 43 reculs importants pour l’écologie et qui urgent les élus à retrouver le sens de l’intérêt général. On a eu en condensé ces dernières semaines :

– une nouvelle étude qui nous alarme sur les risques sanitaires du glyphosate,

– il y a quelques semaines une alerte sur notre alimentation : on est massivement contaminé par le cadmium lui aussi, cancérigène,

-une contamination par les PFAS, cancérigènes également, que les écologistes ont fait interdire mais ce sont des polluants éternels, donc ça ne va pas suffire.

Et puis là, on a la loi Duplomb qui sera examinée en commission mixe paritaire lundi, qui réautorise des pesticides dangereux, qui facilite la création de mégabassines, la destruction de zones humides et qui facilite les extensions de fermes usines, qui affaiblit l’ANSES, l’autorité environnementale.

Après la loi de simplification qui avait déjà supprimé les ZFE, alors qu’on pouvait les faire évoluer, les améliorer qui a vidé de sa substance le zéro artificialisation nette le ZAN, sur lequel tout le monde a planché ici depuis pas mal de temps. etc..

Les conséquences c’est qu’on repousse la question de la lutte et de l’adaptation au changement climatique, on repousse la question de la pollution de l’air dans les grandes villes qui fait quand même 40 000 morts par an et on repousse la protection des terres naturelles et agricoles, la protection la santé des gens.

Il y a encore plus loufoque, dans un tour de pass-pass parlementaire, est arrivée une proposition de loi Grémillet, c’est un sénateur de droite un ancien de la FNSEA, avec des amendements, tous plus climatosceptiques les uns que les autres, pour supprimer purement et simplement les objectifs de développement des énergies renouvelables.

Faire un moratoire sur les nouveaux projets d’énergies renouvelables éolien et solaire. LR et RN ont voté ça, alors apparemment ils veulent la mort des énergies renouvelables et des dizaines de milliers d’emplois qui vont avec. Je pense que les porteurs de projet ici vont apprécier. Ça dure depuis des mois et je pense que ça va continuer. Il y a une sorte d’alliance carbo-fasciste qui harcèle l’écologie sans relâche, les droits humains et les acquis sociaux avec en général.

Moi je pense personnellement que cette polarisation du débat et cette espèce de trumpisation, ce retour en force du déni climatique ça nous mène au précipice. Je crois aussi que ça se fait contre le peuple, ça se fait contre les gens qui de plus en plus se rendent compte de la déconnexion de ces discours-là.

Ce n’est pas l’écologie qui est punitive mais bien l’absence d’écologie, que le coût de l’inaction est bien supérieur à celui de l’action et que nos efforts doivent être redirigés vers l’abandon des énergies fossiles et la préservation de la biodiversité.

Le combat est rude mais je suis malgré tout optimiste parce qu’on a des leviers importants en local. On peut agir ici à la métropole. Ce sont nos compétences : on a des libertés d’action sur le climat, sur l’énergie, l’eau, la biodiversité. Si on focalise nos investissements et notre ambition là-dessus, on est capable d’adapter nos politiques publiques. Il ne tient qu’à nous de ne pas reculer comme le fait l’État.

Je voulais juste terminer par saluer toutes celles et tous ceux qui portent ces sujets-là dans tout le tissu économique institutionnel associatif local en particulier. Surtout ici, les services de la métropole, qui font un travail remarquable de sensibilisation d’explication de ces sujets complexes et de proposition de solutions d’avenir pour ce qui concerne l’énergie en particulier. On a la chance de bénéficier d’une expertise technique de grande qualité dans la métropole, sur laquelle il faut s’appuyer.

Dans le cadre du projet stratégique urbain, je pense que Tifenn Quiguer le confirmera, il y a eu un travail colossal que je salue. De nombreux ateliers destinés aux élu-e-s qui ont été largement documentés avec nombre de diagnostics. Les ateliers élu-e-s n’ont pas toujours suffisamment été suivis malheureusement. Mais bravo et merci en tout cas à celles et ceux, j’en vois dans cette salle, qui ont été fidèles et participé aux échanges. C’est précieux parce qu’on a de la matière pour vraiment comprendre le territoire de demain. En tout cas, je vous invite cet été quand vous vous ennuierez sur la plage à feuilleter les diagnostics de vulnérabilité, l’état initial de l’environnement, le rapport à mi-parcours du plan climat, les scénarios de trajectoire énergétique…

Je vous remercie. »

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