Loi Duplomb : un terrible recul environnemental

Ce mardi 8 juillet 2025, la loi Duplomb visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » a été adoptée à l’Assemblée Nationale avec 316 voix et 223 votes contre. Cette alliance de la droite, de l’extrême-droite et la complicité de nombreux députés du dit « bloc central » est funeste. Ce texte, contesté, est une honte à bien des égards.

Une honte pour la démocratie

Cette loi, a été écrite par le Sénat, puis a trouvé un accord en commission mixte paritaire (7 députés, 7 sénateurs), après une motion de rejet visant à éviter tout débat et toute transparence.

Le texte propose notamment de simplifier l’extension des bâtiments d’élevage, la réintroduction d’un néonicotinoïde interdit en France depuis 2018, d’accorder la reconnaissance du caractère d' »intérêt général » aux méga-bassines.

Cette loi est adoptée contre la volonté des françaises et des français. Contre l’avis d’une grande partie du monde agricole, celle convaincue que l’on peut nourrir les gens sans empoisonner la planète. Contre tous les apiculteurs et toutes les apicultrices.

En effet, plusieurs sondages révèlent que les françaises et les français sont massivement opposé-e-s à la réintroduction de l’acétamipride notamment, ce néonicotinoïde responsable de l’effondrement des pollinisateurs. Ils et elles souhaiteraient que davantage de pesticides soient interdits pour protéger leur santé.

Une honte pour les agriculteurs et les agricultrices

Au moment où le pays connait la sécheresse, les feux, les restrictions de consommation d’eau, la loi Duplomb facilite la création de méga-bassines qui visent à privatiser l’eau pour les besoins d’un modèle agricole qui va droit dans le mur, au profit d’une minorité d’entreprises de l’agrobusiness.

Car non, monopoliser la ressource en eau qui se raréfie pour irriguer des céréales génétiquement modifiées, grandes consommatrices d’eau, exigeant un apport en fertilisant et en produits phytosanitaires, et cultivées à destination du bétail entassé dans des fermes usines, ou destinées à l’exportation dans un marché mondialisé, ce n’est pas souhaitable.

Une « Caricature« , dites-vous ? Si pour l’instant la Bretagne, tournée davantage vers l’élevage, est relativement épargnée par la demande de création de bassines, c’est la réalité très actuelle d’autres régions. Et la demande va arriver vite jusqu’à chez nous.

Ce modèle défendu bec et ongles par la loi Duplomb, ne répond en rien à l’impératif de souveraineté alimentaire du pays. Il ne répond en rien au besoin de rémunération juste des agriculteurs-trices.

Ce modèle aggrave la situation climatique, tue les sols et la biodiversité, empoisonne notre environnement, notre alimentation, nous empoisonne.

Une honte pour la transition écologique

A l’inverse, des producteurs et productrices font des efforts pour diminuer la pression de leur activité sur l’environnement. Beaucoup des paysannes et paysans s’appuient sur les services rendus par les écosystèmes et la nature depuis toujours. Que propose la loi Duplomb pour les encourager ? Rien.

Loi Duplomb tueuse d'abeilles

Des initiatives existent et sont soutenues par l’Europe. La restauration du bocage avec Breizh Bocage, les mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) orientées vers la protection de l’eau, le développement de techniques agroécologiques permettant de réduire l’utilisation de fertilisant et de pesticides. Différents acteurs, le Groupement des Agriculteurs Bio (GAB), la Chambre d’Agriculture, les Syndicats de bassin versant notamment, accompagnent les agriculteurs-trices qui souhaitent s’engager.

Alors que ces mesures sont efficaces et reconnues, la loi Duplomb propose un retour en arrière. Elle envoie un message absolument délétère : “le respect de l’environnement est une contrainte pour l’agriculture, alors on fait sauter ces contraintes”.

Une honte pour les autorités de prévention et de contrôle

Cette loi conteste affaiblit le rôle des structures visant à protéger la santé publique et l’environnement. La loi remet en cause l’expertise scientifique de l’ANSES qui devra désormais tenir compte des « circonstances agronomiques, phytosanitaires, et environnementales, y compris climatiques qui prévalent sur le territoire national » pour autoriser la mise sur le marché des pesticides.

Cette loi modifie des règles de gouvernance locale de l’eau jusqu’ici fixées par les Schémas d’Aménagement de Gestion de l’Eau (SAGE) pour relever les autorisations de prélèvement en eau pour l’irrigation. Les agents de police de l’environnement de l’Office Français de la Biodiversité (OFB), en charge du contrôle de l’application de la loi seront placés sous la autorité du préfet.

Une honte pour la santé publique

Alors que la dangerosité des pesticides pour la santé n’est plus à prouver et qu’ils favoriseraient l’apparition de cancers notamment, cette loi fait passer les intérêts financiers privés de l’agro-industrie au dessus de la santé des personnes et de l’environnement. C’est scandaleux.

De nombreuses associations environnementales, de lutte contre le cancer, de médecins, et de personnes atteintes de maladies graves liées aux pesticides tirent la sonnette d’alarme.

Cette loi, c’est le choix du poison contre la prévention, et le choix du déni climatique contre l’évidence scientifique.