Vers une économie régionale bas carbone

Le 3 octobre 2025, Brest accueillait une conférence du Shift Project sur le thème « Vers une économie bas carbone. Jean-Marc Jancovici y présentait la déclinaison pour la Bretagne du Plan de Transformation de l’Économie Française (PTEF), connue sous le nom de VERB – Vers des Économies Régionales Bas Carbone.

Conférence du Shift Project du 3 octobre 2025 dans les locaux de l’UBO à Brest

L’événement, organisé en présence d’élus, d’experts et d’acteurs économiques, a permis d’aborder les enjeux très concrets de la décarbonation à l’échelle régionale et locale. Parmi les intervenants, Glen Dissaux a pu partager sa vision et les actions engagées sur le territoire pour transformer durablement l’économie et les politiques publiques.

La décarbonation comme impératif collectif

Animé par le constat de notre dépendance aux énergies fossiles, la transition écologique ne peut se faire que collectivement, avec l’engagement des acteurs publics, économiques et citoyens.

« Nous devons animer cette décarbonation ensemble, avec un impératif démocratique fort. »

La transition énergétique n’est pas seulement une contrainte : c’est une opportunité de transformation de nos modes de vie, de nos économies locales et de notre rapport au territoire.

Cette démarche s’inscrit dans le cadre des grands documents de planification existants — SNBC, SRADET, PCAET — mais aussi dans une dynamique locale de co-construction.
La métropole brestoise travaille actuellement à son nouveau Plan Climat, conçu en concertation avec les citoyens et les acteurs du territoire.

Les objectifs affichés sont clairs et ambitieux :

  • Diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 (par rapport à 1990) ;
  • Réduire de moitié la consommation d’énergie par rapport à 2012 ;
  • Porter à 32 % la part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique local.

Ces cibles s’inscrivent dans une vision territorialisée : chaque collectivité doit trouver ses leviers propres pour agir efficacement.

Les collectivités locales en première ligne

Les collectivités sont au cœur de la transition bas carbone. Elles disposent de leviers considérables : un patrimoine important, des compétences multiples et une capacité d’investissement majeure. Des acteurs comme Ener’gence, par exemple, incarnent cette dynamique de transformation énergétique à l’échelle locale.

Glen Dissaux, lors de la conférence des Shift Project du 3 octobre 2025

Rappelons que les collectivités locales représentent plus de 60 % de l’investissement public, soit plus de 50 milliards d’euros par an. Mais pour suivre la trajectoire nationale bas carbone, il faudrait doubler ces investissements dans les prochaines années.

Pour être crédibles et entraîner l’adhésion, les acteurs publics doivent d’abord être exemplaires dans leurs propres pratiques. Mais leur rôle ne s’arrête pas là : ils doivent aussi coordonner et animer la transition sur l’ensemble du territoire, en s’appuyant sur les entreprises, les associations et les citoyens.

Mobilités : changer les habitudes

Le secteur des mobilités est un levier majeur. En 2018, la voiture individuelle représentait encore 50 % des trajets. L’objectif est de réduire cette part à 10 % d’ici 2050. Pour y parvenir, la métropole mise sur les transports collectifs et les alternatives à l’autosolisme.

La deuxième ligne de tramway, inaugurée le 14 février 2026, marque une étape importante. Mais ce changement nécessite l’implication de tous : élus, usagers, entreprises et opérateurs de transport.

Bâtiment et agriculture : deux secteurs à transformer

La rénovation énergétique des bâtiments constitue un autre pilier essentiel. Il y a nécessité de travailler en étroite collaboration avec les artisans, les bureaux d’étude et les filières locales, pour accélérer la mise en œuvre des chantiers.

Concernant l’agriculture, les débats se concentrent sur les modèles de production à défendre. L’exemple des serres chauffées illustre bien les enjeux : « Faut-il manger des tomates en hiver ? » Aujourd’hui, les serristes représentent 40 % de la consommation de gaz de la métropole, d’où un effort engagé pour réduire cette consommation et verdir les sources d’énergie.

Gouvernance et planification intégrée

Un bilan à mi-parcours du Plan Climat permet désormais de mesurer les progrès accomplis et d’ajuster les trajectoires. Les services métropolitains ont développé des outils de scénarios énergétiques reliant objectifs nationaux et leviers locaux : électrification, efficacité technologique, sobriété.

Mais la réussite passera avant tout par la co-construction des politiques publiques. Le prochain Plan Climat sera ainsi intégré au Plan Local d’Urbanisme (PLU), au Plan de Déplacements Urbains et au Plan Habitat. Cette approche intégrée garantit une cohérence d’ensemble entre les stratégies et les investissements.

Coopérations européennes et ingénierie financière

La métropole s’inscrit également dans des démarches européennes innovantes. Le projet TOMORROW permet de coécrire des feuilles de route de décarbonation avec l’ensemble des acteurs du territoire, autour de chartes d’engagement et de coalitions thématiques (mobilité, éclairage public, énergie, etc.).

Un travail est également mené sur l’ingénierie financière, afin d’accompagner les projets émergents. Un champ d’action considérable s’ouvre à la métropole pour accélérer sa transition.

Sobriété et cohérence des politiques publiques

Certains aéroports, comme celui de Quimper, n’ont plus vocation à être maintenus. Une recomposition du schéma aéroportuaire régional est nécessaire, les collectivités doivent assumer leurs choix.

« Il est incohérent de financer des lignes aériennes ou de promouvoir des vols low-cost à 30 euros tout en prétendant décarboner nos territoires. »

Par ailleurs, la publicité joue un rôle central dans nos comportements de consommation. Le lien est direct entre la promotion des SUV et l’augmentation de leurs ventes. Réorienter ces flux financiers vers des actions de sobriété et de décarbonation est devenu indispensable.

Un enjeu de cohérence politique : le projet de stade de Brest

Le projet de construction d’un nouveau stade en périphérie de Brest soulève de nombreuses questions : consommation de terres agricoles, impact sur la mobilité, part d’investissement public, transparence financière…

« Agir pour le climat, c’est aussi savoir dire non à certains projets qui vont à rebours de nos engagements. »

Nous devons nous préparer à vivre dans un monde à +4°C, ce qui implique de faire des choix politiques courageux et cohérents.

La transition écologique ne se résume pas à des intentions : elle doit guider chaque décision publique, chaque investissement, chaque projet de territoire.

Le projet de stade Arkéa Park

Agir ensemble pour une Bretagne résiliente

La conférence du Shift Project à Brest a montré que les outils et les méthodes existent pour engager la transformation vers une économie bas carbone, résiliente et créatrice d’emplois.
Mais elle a aussi rappelé une évidence : la réussite de cette transition dépendra avant tout de notre capacité à agir collectivement, à aligner nos politiques publiques, nos comportements et nos investissements sur une même trajectoire.

« La décarbonation ne se décrète pas, elle se construit ensemble.»

Pour visionner la conférence, veuillez cliquer ici.